Microbrain and Co

« Quand je me regarde, je me désole,
mais quand je me compare, je me console,
enfin… surtout quand je vous regarde. »

La période que nous vivons est propice à l'introspection et au partage.
Microbrain and Co offre une possibilité de partager tout en maintenant la distanciation sociale.
L' écriture est un moyen unique de nous échapper pour mettre de l'ordre dans nos cervelles asphyxiées.
Alors, rejoignez-nous et lâchez votre imagination ! Votre encéphale vous le rendra bien.
Prenez bien soin de vous.
Je vous souhaite d'excellentes fêtes de fin d'année.
A bientôt sur Microbrain and Co.
Doug.


Édinfo image
Thème du mois d'avril : Le casse-pied, par Mélanie

"Toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant existé, ne serait que purement fortuite."

Oh si, vous connaissez certainement un casse-pied !
Moi j'en ai connu quelques uns de bonne facture en la matière mais je ne vous parlerez que du dernier que j'ai rencontré. Peut-être que certains d'entre vous le reconnaîtront, qui sait ?

C'était une journée tout à fait normale quand soudain il arriva sans crier gare dans ma vie. Et sur l'instant , pas moyen de l'autoriser à entrer. La badgeuse n'en voulait pas, j'aurais du écouter son cri d'alarme. Réussissant à maîtriser la machine, il s'installa en sa demeure à deux fenêtres au fond à gauche d'où il put sévir sur son entourage durant quatre années de dur labeur. Aidé de son calendrier affichant des animaux de la forêt semble-t-il inoffensifs, il nous fit une démonstration tout à fait convaincante de ses incroyables talents de casse-pied de tout premier ordre olympique. A coup de virgules oubliées, à coup de semaine passée sur la même colonne d'un tableau, à coup de remarques pleines d'acide sulfurique, à coup de surveillance des surveillants déguisé en sapin dans le verger, à coup d'un jeu subtil de mouche de coche, prenant à cœur et à bras le corps son rôle de conseiller royal, il finit par tous nous faire tourner en bourriques.

Quel ne fut pas notre soulagement collectif ce saint matin béni entre tous tant attendu de son départ ! Quelle ne fut pas la joie en nos cœurs remerciant tous les cierges allumés de nos prières de le foutre dehors pour aller bêcher la permaculture avec son violoncelle où il voudra, pourvu que ce ne fut plus en nos pattes !
Le foutre dehors, oh oui, sans même l'accompagner, seulement d'un regard lui rendant tout son mépris trop longtemps distillé à notre égard dans sa chipoterie perpétuelle !
Et puis le bonheur suprême final : on ne le reverra plus jamais, il est désactivé out game over, il ne reviendra plus hanter nos couloirs, les mains jointes pour distribuer ses sermons accouchés de ces hémisphères cérébrales diaboliques. Et vous savez quoi ? Bon débarras !



Thème du mois de mars : Le Bouffon

Par qui ? Mélanie bien sûr !

Le bouffon du roi s'avance vers le maître des lieux, le grand Jean-Charles trente-douze.

Il doit plaire à l'assistance afin de ne pas être privé de mauvais pain en guise de punition.

Il enchaîne les tours de jonglerie, les petits numéros de magie, les imitations d'animaux.

Il a convenu, il est applaudi, on lui offre une assiette de poulet grillé pour salaire.

Il a suscité l'intérêt de la plus jeune princesse qui s'ennuie tant à la cour neuve de Pantin tamère.

C'est pas du gâteau sa vie de bourge casquée de rubis sur l'ongle.

Parties de cache-cache autour des fontaines poursuivie par des vieux lubriques tel est son ghetto.

Quand il rentre en son humble demeure, elle le suit cachée dans un grand manteau à capuche.

Il la reçoit tout tremblant croyant l'heure de son trépas arrivée.

Mais elle lui explique ce qu'elle attend de lui et il promet de s'exécuter au plus vite.

Le mois suivant, le bouffon vient à la cour neuve de Pantin tamère.

Il est l'heure pour lui d'amuser le roi et tous ses gens de bon pédigrée.

Jean-charles trente-douze est très chanceux ce jour-là.

Il a fort plu au nouveau roi, à qui la princesse fait un petit clin d’oeil.



Thème du mois de février : Pourquoi moi ?

Par Mélanie Anaïette
La chance me poursuit quasi depuis ma venue au monde.

Quand je me gare sur un parking pour aller faire quelques courses comme des millions de gens chaque jour, enfin il me semble, je prend garde de me mettre à une place qui me semble avoir tous les critères réunis de la pénardise maximum. Eh bien à mon retour, je constate très souvent qu’ils se sont tous agglutinés autour de moi en profitant de la petite taille de ma tuture, m’obligeant à faire X manœuvres pour me tirer de là en disant des gros mots dont je n’avais pas connaissance 10 minutes avant.

Quand je cherche ma route, même si je prend soin de ne pas prendre le plan Michelin à l’envers, mon intuition et mon sens de l’orientation hors catégorie me conseillent quasi à chaque fois d’aller à l’opposé de la direction que je dois prendre, ce qui m’amène souvent à être en retard à mes rendez-vous.

Le matin, à l’heure où des milliards de gens se réveillent aussi pour aller bosser, je trouve de temps à autre le moyen d’éteindre définitivement le réveil, configuré pour sonner plusieurs fois répétitives durant un temps donné pour m’aider à émerger, et de me rendormir. On verra demain!

Je terminerai en disant seulement pourquoi pas moi?
Quand il s’agit de gagner une voiture ou un voyage à une tombola à la noix!
Quand il faudrait partager entre tous le monstrueux bol de quelques uns, qui dure toute leur vie!
Quand je vois passer les trains de la réussite professionnelle où j’ai aidé quelques collègues à monter dedans!
Quand on s’interroge sur les vraies raisons pour lesquelles tout à coup la chance tourne!


Thème du mois de janvier : résolution

Par Mélanie Anaïette
Le bonheur n’est pas chose aisée. Il est très difficile de le trouver en nous,
il est impossible de le trouver ailleurs. dixit Bouddha

Des décennies entières consacrées à vivre emmuré dans une prière au milieu de congénères ricanant à des futilités. Et si tout pouvait disparaître par un coup de baguette magique dans le cosmos. Et si tous les abrutis qui lui cherchent des poux dans la tête, parce qu’ils n’ont pas de vie et rien d’autre à faire qu’à emmerder les autres toute la sainte journée, allaient se faire foutre sur une autre planète. Et si le cierge allumé exauçait enfin sa modeste prière «Foutez-moi la paix»

Et si….et si….et si….

Ça y est c’est arrivé!!!! à l’aube de ses cinquante balais!!!!
Il a dit «Merde» et il a claqué la porte. Il n’est pas revenu le lundi suivant.
Il est rentré chez et s’est rendu dans son jardin, s’est assis sous le cerisier et s’est demandé ce qu’il lui arrivait. Il a pris son temps, tout le temps qu’il fallait. Il s’est occupé de son potager.
Il est revenu vers les sources du bonheur passé, il y a longtemps dans le jardin de son grand-père.
Il a renoué avec l’histoire de sa famille de cultivateurs. Il a compris qu’il n’y avait que cela de vraiment important.
Il a pu revenir au travail parce que quelques uns ont pris la peine de l’écouter, de l’épauler et de l’aider.
Il a fait le tri et a dit ce qu’il pensait. Il s’est libéré enfin en disant tout haut ce qui lui faisait si mal. On lui a diagnostiqué de la maltraitance au travail qui l’a conduit à faire un burn out.
Il a repris jour après jour l’envie de venir et le plaisir d’échanger et de rire avec les seuls gens vrais et simples qui se préoccupent de lui avec sincérité.
Les faux amis, les enfoirés et ceux qui voulaient le détruire sont allés se faire foutre, avec toute la merde partie quand il a tiré la chasse d’eau. Il ne s’occupe pas plus d’eux que d’un cloporte sous une pierre. Son corps entier s’est vidé de toute sa souffrance, remplacée par une soudaine sérénité de joie de revivre.
Il a désactivé le badge qui n’aurait jamais du être paramétré. Et il a trinqué le soir-même pour fêter cet événement. Il y en aura d’autres qui devront aussi partir quoi qu’il leur en coûte de retourner dans leur néant d’où ils n’auraient jamais du sortir. Il patientera pour actionner d’autres game over.
Il a pris cette résolution en son âme et conscience et il ne regrette vraiment rien.


Thème décembre : heureux

Franchement, ce petit dialogue de Mélanie n'est-il pas revigorant? Lisez et voyagez.

Heureux comme un poisson dans l’eau, Ulysse a fait un beau voyage.
Par Mélanie Anaïette

Gérard : Notre vieille Terre est une étoile Où toi aussi tu brilles un peu
Ulysse : « Oui, c’est vrai, j’ai œuvré d’arrache-pied. »
Gérard : Tu n'as pas de titre ni de grade Mais tu dis "tu" quand tu parles à dieu
Ulysse : « Excuse, mec, n’oublierais-tu pas mon royaume d’Ithaque, c’est bien loin du Calvados, mais quand même ! Et je parle aux dieux quand je veux, je les ai en ligne directe, même le tien après 10 verres de vin de Crête. »
Gérard : Journaliste pour ta première page Tu peux écrire tout ce que tu veux
Ulysse : « Ah la la, l’ami, j’aurais bien vu le gros titre en haut de l’affiche : Un guerrier habile et rusé, auteur du stratagème du cheval de Troie. »
Gérard : Toi qui as planté un arbre Dans ton petit jardin de banlieue
Ulysse : « Tu t’égares, mon pote Le Normand, je l’ai planté dans l’œil du cyclope Polyphème pour délivrer mes compagnons de galère. »
Gérard : Toi la star du haut de ta vague Descends vers nous, tu verras mieux
Ulysse : « J’aurais bien voulu t’y voir mon gars, t’aurais pas fait long feu avec ton micro contre Charybde et Scylla ! »
Gérard : Roi de la drague et de la rigolade Rouleur flambeur ou gentil petit vieux
Ulysse : « C’est pas de ma faute, j’ai un physique, alors tu comprends, elles ont toutes craqué, Nausicaa, Calypso, Circé et ma Pénélope que je retrouve après toutes ces aventures.
Gérard : Je t'offre un titre formidable La ballade des gens heureux




Thème novembre : C’est quoi l’amour ?!

Par Mélanie Anaïette

C’est votre amoureux(se) qui vous envoie chaque matin un petit coucou par sms pour vous souhaiter une très bonne journée pleine de bonheur ;
C’est celui(celle) qui n’aura pas le culot de nous dire un perfide « moi pas d’accord avec toi » mais qui prendra le temps de poser sur la table basse du salon les raisons du conflit naissant et les solutions pour le faire disparaître à tout jamais ;
C’est encore lui(elle) qui trouvera toutes nos idées vraiment super chouettes (même les plus tartes !)
C’est le héros qui nous poussera gentiment pour se ramasser à notre place le gros caca de mouette sur la plage d’un week end de rêve ;
C’est l’homme(la femme) qui nous attendra sans en faire tout un drame à la maison quand on ira se faire un ciné avec un(e) ami(e) ;
C’est le(la) sportif(ve) du samedi aprem qui nous proposera un tour en vélo pour aller s’oxygéner les poumons et oublier tous les soucis du boulot avec nos collègues super nazes ;
C’est le(la) cuisinier(ère) du dimanche matin qui nous fera goûter une toute nouvelle recette de hot-dog de son invention délirante ;
C’est l’être humain qui voudra bien avec le sourire se dévouer pour aller faire pisser le chien sous une terrible averse ;
C’est le(la) complice de longue date qui nous fera découvrir ses souvenirs d’enfance dans une vieille malle au grenier de nos beaux-parents qui seront les plus cools de la terre ;
C’est le mammifère primate bipède qui ouvrira tous les matins la fenêtre de la chambre nuptiale pour changer l’air de la nuit et évacuer d’un commun accord tacite quelques odeurs de pets récalcitrantes ;
C’est le(la) prince(esse) dans les bras duquel(de laquelle) on se jettera au lit (une fois la chambre parfaitement aérée, cela va de soi) ;
Nota bene : j’ai volontairement non féminisé le mammifère car il est communément admis par tout le monde que les femmes qui sont toutes des princesses ne pètent que des paillettes parfaitement inodores.
C’est l’individu civilisé qui nous allumera la lumière dans l’escalier ;
C’est l’hôte improvisé(e) qui nous achètera en cachette un gros gâteau d’anniversaire ;
C’est l’abnégation même qui nettoiera notre voiture de tous ses petits morceaux d’herbes et de plumes collectionnés par nos gosses ;
Enfin c’est notre vieux(vieille) compagnon(e) encore présent à nos côtés qui nous bichonnera quand on aura la malchance d’attraper un gros rhum.


Les thèmes

Ici, on transpire pour offrir un texte correspondant au sujet du mois. Voici le calendrier des thèmes du mois :

2019
  • Novembre : l'amour ;
  • Décembre : heureux ;

2020
  • Janvier : résolution ;
  • Février : pourquoi moi ? ;
  • Mars : le bouffon ;
  • Avril : le casse-pieds ;
  • Mai : l'amitié ;
  • Juin : la chance ;
  • Juillet : le soleil ;
  • Août : la plage ;
  • Septembre : les regrets ;
Ouais... Ha !  Ha ! Ha !
Je sais ce que tu te dis en lisant les thèmes proposés :
"Ces thèmes, ce sont des thèmes de naze. Quel est le crétin qui a pu pondre un truc pareil ?"
Peut être que tu as raison, mais voilà, il faut bien proposer quelque chose et tu sais, ce n'est pas de la tarte de gérer un site tout en proposant des ateliers qui plaisent à tout le monde.
Alors, tu peux toi aussi proposer des thèmes. Je n'attends que ça. Dès que je les recevrai, je compilerai toutes les idées qui me parviendront pour les inscrire dans le calendrier.
Vas-y fonce ! Un webzine, ça fonctionne mieux si l'ensemble des membres se l'approprie.

Exemple de thème traité : cohabitation

Justice immanente

Si Anna avait su à l’avance qu’Adrien deviendrait violent, jamais elle ne lui aurait autant facilité la vie dans sa maison. Pourtant, dans certaine conditions, la justice immanente accomplit parfois son œuvre en vous débarrassant d’un hôte aussi encombrant.

Pendant quelques années, j’ai mené une vie calme dans ma petite maison. Bien sûr, j’ai eu des compagnons de passage. Et puis, il y a un an, Jérôme est entré dans ma vie. Il travaillait dans une entreprise de composants électroniques, comme agent commercial et gagnait bien sa vie. Il m’est apparu tout de suite sympa et mignon. Après quelques hésitations, il s’est installé chez moi, y trouvant un havre de paix inattendu. J’ai cherché à mieux connaître son passé pour lui rendre la vie plus douce, mais il ne m’a jamais rien dit. C’est dommage.
Pendant de nombreux mois, tout s’est bien passé avec lui. Je gérais le fonctionnement de la maison. Il se chargeait du nettoyage et le faisait bien. Une parfaite complémentarité s’était instaurée entre nous.
Mais progressivement, tout a changé. Sa boîte a fait faillite. Il a été licencié. Pour compenser, il s’est mis à boire, à regarder la télévision et à s’amuser sur sa console de jeux, pendant des heures, jusque tard dans la nuit. Il ne sortait plus, se négligeait. De semaines en semaines, il est devenu imprévisible et agressif. L’enchainement classique de la déchéance morale avec sa descente aux enfers se déroulait devant moi. Je ne le reconnaissais plus. Nous ne parvenions plus à nous comprendre. La douceur feutrée des domiciles n’est pas forcément celle que l’on croit. Derrière les murs et les rideaux opaques, tous les scénarios sont possibles, les meilleurs comme les pires.
Les excès de Jérôme ont fini par m’atteindre physiquement. J’ai commencé à avoir une tension élevée. Je me sentais mal.
Alors, un jour, en début de soirée, alors qu’il venait de jeter une canette de bière vide au sol, j’ai décidé de couper le courant pour qu’il arrête de focaliser son attention sur les écrans et tente de revenir à l’essentiel. Je voulais lui montrer qu’on pouvait de nouveau mener une vie normale, tous les deux. Ce soir-là, Jérôme était fortement alcoolisé. Il s’est levé brutalement du canapé et a réagi violemment. Il s’est approché de moi en titubant et m’a frappée à plusieurs reprises. J’ai encaissé les coups en silence. Furieux, il s’est dirigé vers le débarras. Je l’ai entendu fouiller dans sa caisse à outils, puis il est revenu vers moi, menaçant. Quand il est arrivé à ma hauteur, il m’a montré un tournevis cruciforme. Ses yeux étaient haineux. Il m’a humiliée.
«Anna! Pauvre merde! Tu ne sers à rien, sauf à me faire chier. Je vais te démonter la gueule!»
Là, j’ai vraiment failli disjoncter. Dopée par une énergie soudaine, j’ai vite réagi en éteignant la lumière et en baissant les volets roulants pour me dissimuler. Ensuite, en une fraction de seconde, bien qu’il ait mis la chainette de sécurité de la porte, j’ai verrouillé tous les accès possibles. Pour me faire la plus discrète possible, je me suis tue et fondue dans l’obscurité. Dans le silence angoissant de la maison, je l’entendais se déplacer avec peine, se cogner contre les murs et les portes, et vomir sa haine sur moi. Ses déambulations étaient désordonnées. Il n’était que colère et fureur.
«Espèce de saloperie! Je vais te briser Anna, te réduire en miettes! Tu entends? Je vais te crever salope!»
Il n’arrêtait pas de m’insulter, mais dans le noir profond de la maison, ivre et désorienté, il n’arrivait plus à me localiser. Alors, n’y tenant plus, j’ai coupé l’eau et augmenté brusquement le chauffage. Cela peut vous paraître bizarre, mais c’est la seule solution qui m’est apparue.
J’ai attendu, longtemps, qu’il s’épuise dans le noir, marmonnant et vociférant toutes sortes d’insanités. Puis, il y a eu un choc sourd suivi d’un autre. Jérôme s’est violemment cogné la tête sur le chambranle d’une porte et il est tombé comme une masse. Choquée par tant de violence et de haine, j’étais tétanisée et incapable d’agir. Je n’ai rien fait pour l’aider. Vingt quatre heures après sa chute, constatant qu’il ne bougeait toujours pas, j’ai rallumé la lumière. Jérôme était allongé sur le carrelage de la cuisine. Sa tête avait heurté le coin de la table en granit, au niveau des cervicales. Elle baignait dans une flaque de sang séché à cause du chauffage au sol. Sa bouche et ses yeux vitreux étaient ouverts. Son regard vide contemplait le néant. Le choc lui avait sans doute été fatal. Si tel n’avait pas été le cas, la chaleur et l’alcool avaient dû accélérer sa déshydratation et bloquer certains de ses paramètres vitaux pour l’achever. Beaucoup d’informations se télescopaient. En proie à la confusion, j’ai appelé les secours. Aussitôt après, j’ai coupé le chauffage, relevé les volets roulants et ouvert les fenêtres coulissantes.
Quelques minutes après, il y a eu un bruit infernal. Les pompiers sont entrés en fracassant la porte d’entrée à cause de la chaînette. Lorsqu’ils ont vu Jérôme au sol, ils n’ont pu que constater son décès.
Tout s’est enchainé très vite. La police est venue pour procéder aux constatations et déterminer les causes de la mort. Les agents ont très vite reconstitué le tragique enchainement. Tout était clair pour eux. Son corps a été transporté vers la morgue. J’étais libérée.
La suite de cette malheureuse rencontre, c’est que je n’ai éprouvée aucun regret. Des spécialistes ont pris soin de moi pour me retaper et depuis, je vais mieux.
Enfin, à l’issue d’une telle tragédie, il faut bien reprendre le cours normal de la vie et passer à autre chose. Un nouveau départ m’attendait.
Peu de temps après, un agent immobilier s’est présenté chez moi. Il était accompagné d’un jeune homme prénommé Adrien.
«Bonjour Anna! Je te présente Adrien.»
J’ai affiché mon meilleur visage.
«Bonjour Adrien! Je vous souhaite la bienvenue!»
L’agent immobilier a pris la parole.
«Anna, comme prévu, nous venons visiter la maison.»
Je lui ai aussitôt répondu et j’ai relevé les volets roulants pour laisser entrer la lumière.
«Mais bien sûr! Entrez!»
Les deux hommes ont visité la maison en prenant leur temps. Ils ont échangé un long moment sur divers sujets d’ordre parfois personnels. J’ai enregistré toutes les informations. Ils sont ensuite revenus vers moi. L’agent immobilier s’est adressé à Adrien en me regardant.
«Tenez, regardez! Anna s’est mise sur son trente et un!»
Adrien m’a regardé attentivement. Appréciant mon attitude et ma présentation, il s’est laissé aller à un commentaire élogieux.
«Ah oui! Elle est bien plus belle maintenant. C’est impressionnant cette capacité d’adaptation.»
Adrien semblait conquis. L’agent a vanté mes capacités.
«Elle a tout simplement analysé ce que vous aviez dit pendant la visite. Vous verrez, vous n’aurez aucun problème. Anna a été entièrement révisée. Son niveau d’intelligence artificielle est un des meilleurs qui soit. Anna pilote absolument tout dans la maison. Il vous suffit de lui demander ce que vous voulez. Avec elle, vous aurez tout le confort possible, sans parler de la sécurité bien sûr. Alors qu’en pensez-vous?»
Le futur locataire m’a de nouveau observé. Sur l’écran mural de contrôle, j’ai affiché un sourire radieux. Il s’est immédiatement décidé.
«Vous m’avez convaincu. Cette maison est vraiment formidable. Je signe de suite.»
«Parfait! Vous faites une excellente affaire. Vous verrez, cette maison est très agréable à vivre et Anna s’occupera très bien de vous. On va signer le bail maintenant si ça ne vous dérange pas?»
«Au contraire! J’ai hâte de m’y installer!»
L’agent immobilier a alors invité Adrien à sortir et juste avant qu’il ne ferme la porte, par respect du protocole, je me suis adressé à lui.
«Au revoir Adrien! Bienvenue chez vous!»

Doug


Pour le formatage éducatif

(par Gengis Khanaralakasket, président de l’APVEC - Association des Parents Victimes d’Enfants Chiants)

Vos marmots piquent des crises pour rien, ils sont malpolis, manquent d’hygiène, se couchent tard le soir, contestent vos décisions et mangent quand ils le veulent? Vous en avez marre des mouflets récalcitrants qui se moquent ouvertement de vous, même en public?

En résumé, pour faire simple, vous êtes confrontés à des chiards insupportables qui vous pourrissent la vie tels des parasites scotchés à vos basques. Ils sont chez vous et vous ne pouvez pas les virer. Pourtant, une furieuse envie vous taraude : les envoyer avec un aller simple sur la planète Mars, sans aucun espoir de retour. Rien que d’y penser, ça vous fait vraiment kiffer.

Il est temps de leur apprendre les règles, de les façonner comme vous le voulez et pas comme ils le veulent eux, sinon, c’est vous qui allez morfler. Sauvez votre peau! Choisissez d’être le loup et pas l’agneau, sinon, ce sont eux qui vous boufferont. Ces mômes épouvantables doivent impérativement être repris en main pour devenir respectueux, présentables, obéir au doigt et à l’oeil, mais aussi, bien travailler à l’école. C’est normal et parfaitement exigible. Vous êtes les parents bon sang! Alors, stop aux embrouilles avec ces morveux! Ne subissez plus leur tyrannie. Vous devez réagir, vite, bien et fort! En qualité de président de l’APVEC, je vous propose d’établir, entre vous et votre lamentable progéniture, un contrat de responsabilité pour remettre ces rejetons sur des rails solides :


CONTRAT DE RESPONSABILITÉ

Moi : Nom et prénom de l'enfant

Je reconnais que le présent contrat, constitué de règles simples et facilement applicables, est un code de conduite personnel et familial que je m’engage à respecter à la lettre dès que je l’aurai signé.

Préambule

Aussi, sachant que :

  • je me considère « responsable » et qu’en conséquence j’assume mes décisions,

  • je considère que ma parole et mes actes m’engagent,

  • je reconnais que mes parents m’aiment et veulent le meilleur pour moi, je décide d’appliquer, en toute connaissance de cause, les prescriptions suivantes :

1/ Attitude et comportement général

  • je ne mens jamais, je dis la vérité quand on me pose une question car le mensonge peut créer des quiproquos (1),

  • je considère que la confiance est indispensable pour vivre en collectivité,

  • en toutes circonstances, je fais preuve de retenue et de mesure dans mes propos (je me maîtrise et me refuse à toute démonstration d’agressivité, de colère, de provocation ou de mépris envers autrui et particulièrement envers mes parents auxquels je dois le respect absolu),

  • je ne fais pas de colère et je ne suis pas désagréable lorsque mes parents répondent « non » à une ou plusieurs de mes demandes,

  • je bannis les mots grossiers dans mon vocabulaire.

(1) Malentendu

2/ Alimentation

  • je prends mon repas à la même heure que mes parents (sauf cas particulier soumis au préalable à l’approbation de mes parents),

  • je me tiens correctement à table pendant les repas (je me sers de ma serviette, pas de coudes sur la table, pas de jeux, pas de chants, pas de musique ni de téléphone portable pas de caresses au chien, rot et pet interdits, pas de doigt dans la bouche ou le nez),

  • je prends mon goûter au plus tard à 17 heures 00 sinon, s’il est plus de 17 heures 00, j’attends le repas du soir pour manger,

  • je goûte systématiquement les mets et plats que je ne connais pas pour développer mes qualités gustatives.

3/ Hygiène

  • je me lave les dents matin, midi et soir en prenant bien soin de respecter la durée de brossage prescrite par le dentiste,

  • je rebouche le tube de dentifrice après usage et je le remets à sa place,

  • si je porte un appareil dentaire, je respecte les prescriptions du dentiste pour ne pas abîmer mon appareil et finir mon traitement dans les meilleurs délais,

  • je prends systématiquement une douche complète (comprend le nettoyage de l’ensemble du corps), au plus tard le soir et dans tous les cas, toujours avant le dîner,

  • je fais attention, dans l'intérêt de la planète, à économiser l'eau et à ne pas la laisser couler quand je me savonne ou que je me fais un shampoing,

  • je change de slip tous les jours voire plus si j’ai fait une séance de sport ou que j’ai transpiré pour une autre cause,

  • je change régulièrement de vêtements, je ne porte donc pas systématiquement les vêtements que je préfère (exemple : marque, couleur),

  • aussitôt après usage, je mets les vêtements sales dans la corbeille à linge,

  • je change systématiquement le rouleau de papier toilette dès que je viens de le terminer; ou s’il reste seulement quelques feuilles pour le suivant,

  • je tire systématiquement la chasse d'eau quand j'ai fait mes besoins, et s’il y a des traces dans les toilettes, je les nettoie avec la brosse qui se trouve juste à côté,

  • je me lave les mains après être allé aux toilettes et à chaque fois avant les repas.

4/ Scolarité et formations diverses

  • e fais toujours mes devoirs sans rechigner

  • je cherche toujours à prendre de l’avance pour faire mes devoirs. Je m'interdis toute forme de procrastination,

  • je fais toujours mes devoirs avant de m’amuser ou de commencer une phase de loisir quelconque,

  • je cherche à améliorer mes connaissances dès que possible,

  • si mes parents m’offrent le loisir de participer à une activité (musique, sport,...), je m’implique activement dans cette activité et je fais le nécessaire pour me préparer, dans les meilleures conditions, pour le cours suivant. Dans tous les cas, je participe à cette activité pendant toute l’année et je suis à l'heure pour le départ comme pour le retour.

5/ Participation à la vie en collectivité

  • je considère que, pour le bon fonctionnement de la vie en collectivité au sein de la famille, je dois participer aux diverses tâches (2) et qu’il est normal que lesdites tâches soient partagées,

  • en fin de repas, je range systématiquement mon couvert (assiettes et récipients divers, couteaux, fourchettes, cuillères et autres ustensiles que j’aurai utilisés à table pour mon repas) dans le lave-vaisselle. Au préalable, je jette les déchets dans les poubelles adaptées et je referme le couvercle,

  • je descends les sacs poubelles, dans le local vide-ordures. J’exécuterai cette tâche selon le tour prescrit par mes parents. Lorsque je suis chargé du tri sélectif des déchets, je le fais consciencieusement,

  • je vide le lave-vaisselle selon le tour de semaine prescrit par mes parents et je range la vaisselle à sa place,

  • je fais correctement mon lit tous les matins, avant de partir à l’école et dans tous les cas, juste après mon petit-déjeuner,

  • je range ma chambre, en fin d’après midi ou au plus tard le soir avant la douche et le dîner,

  • j'éteins les lumières quand je quitte une pièce.

  • je sors le chien à mon tour selon le calendrier établi par mes parents,

  • je n'oublie pas de ramasser la crotte du chien avec un petit sac à déjection que je jette dans la poubelle avant de rentrer à la maison (jamais dans une poubelle appartenant à une autre personne),

  • j'essuie le chien à l'entrée de la maison quand il est mouillé, j’étends la serviette et je range la laisse aux endroits prévus.

(2) Tâche : remplir et vider le lave-vaisselle, descendre les poubelles, trier les recyclables, sortir le chien, passer l’aspirateur, etc. La liste peut, à la demande de mes parents, être complétée par des tâches de nettoyage ne présentant pas de risque particulier pour moi. Au besoin, un avenant au présent contrat sera établi.

6/ Loisirs

  • je reconnais que tout ne m’est pas dû (cinéma, sorties et amusements divers, etc...) simplement parce que je l'ai demandé,

7/ Relations

  • j’informe mes parents des relations que j’entretiens à l’extérieur de la maison.

  • je n’engage en aucun cas un membre de ma famille, dans une action ou une affaire que je mène, sans lui avoir demandé son avis au préalable et lui avoir laissé un temps de réflexion suffisant pour décider et réagir en toute connaissance de cause.

8/ Clause finale

  • Je reconnais que les prescriptions contenues dans le présent contrat sont justes et qu’elles ont fait l’objet d’explications que j’ai parfaitement comprises.

Le : à :

Nom et prénom de l’enfant, précédée du prénom et de la mention suivante : « j’accepte tous les termes du présent contrat»

Signature du contractant :

Le : à :

Signature des parents précédée du prénom et de la mention suivante : « j’accepte tous les termes du présent contrat »

Le père :

La mère :


Doug



Message du grand YAKA


ATTENTION !

Ceci n’est pas une blague.

Ceci est un message du grand YAKA, celui qui fait et défait toutes choses.
(même toi pauvre naze)


Toi ! Oui, toi ! Envoie ce message à cinq de tes ami(e)s, les autres, tu t’en moques.

Si tu envoies ce message :

  • à titre d’acompte, ton banquier t’apportera immédiatement une valise de billets pour une valeur d’un million d’euros et ceci, pour tes menus frais ;

  • si tu es un homme, un ami que tu ne connais pas encore te prêtera son Aston Martin DB 9 ;

  • si tu es une femme, de grandes marques de haute couture confectionneront des vêtements à ta mesure pour te mettre en valeur et gommer tous tes défauts ;

  • si tu es un homme, les gendarmes t’ouvriront la route pour que tu puisses rouler à la vitesse que tu désires ;

  • si tu es une femme, à chaque fois que tu sortiras de chez toi, un admirateur viendra t’offrir des fleurs et te dire que tu es la plus belle ;

  • tout le monde dira que tu es superbe, irrésistible et d'une intelligence rare ;

  • un génie apparaîtra chaque matin au pied de ton lit pour exaucer trois de tes voeux ;

  • si tu es un homme, dès que tu ouvriras la porte de ta chambre, ton top model préféré sera allongé sur ton lit dans la tenue de tes rêves et ta femme sera d'accord pour que tu passes du bon temps avec elle ;

  • si tu es une femme, ton compagnon t’amènera ton petit-déjeuner tout chaud au lit dès ton réveil et lorsque tu rentreras à la maison, la table sera prête, le repas servi, le frigo plein, la vaisselle rangée, les enfants douchés, le ménage fait, les comptes faits, les leçons et les devoirs des enfants aussi ;

  • les trains seront à l’heure ;

  • tous les feux seront au vert lorsque tu rouleras et les gendarmes te salueront amicalement au passage ;

  • chaque jour, même si tu es la dernière des tares puissance dix, ton patron te félicitera. Il te citera en exemple devant tes collègues et ces derniers t’applaudiront en te proposant de faire ton travail ;

  • Bercy refusera pour toujours de toucher tes impôts et ce que tu as déjà payé te sera remboursé avec des intérêts ;

  • si tu es un homme, tu pourras t’empiffrer et boire autant que tu veux sans être bourré ;

  • si tu es une femme, tu pourras t’empiffrer autant que tu le voudras sans grossir ;

  • si tu es un homme, ton conjoint voudra toujours faire l’amour avec toi ;

  • si tu es une femme ton conjoint ne voudra faire l’amour avec toi que quand tu le voudras ;

  • tout le monde t’aimera, même les cons qui te font chier au boulot ;

  • ceux qui te détestent te supplieront d’être leur ami ;

  • tout ce que tu toucheras sera transformé en or, sauf l’or qui se transformera en diamant ;

  • celui qui t’a envoyé ce message te remerciera de ne pas lui avoir envoyé la moto-crotte.

Si tu n’envoies pas ce message :

  • tous les matins, quand tu sortirs de chez toi, un pigeon voyageur te chiera dessus en roucoulant ;

  • des grévistes bloqueront ton avion, ton train ou toutes les routes que tu voudras emprunter pour t’empêcher de partir en vacances ou vers tes activités loisirs, mais jamais pour aller au boulot ;

  • une fatwa sera lancée contre toi et ta photo apparaîtra en gros plan sur toutes les chaînes de télé ;

  • si tu es un homme, un huissier envoyé par ton patron viendra saisir en riant tout ce que tu aimes le plus, tes bières, ta tv, ton canapé, ta bagnole, ton abonnement à l'équipe, tes revues porno ;

  • si tu es une femme, ta pire ennemie, engagée en CDD pour la circonstance par un huissier, viendra saisir en riant tout ce que tu aimes le plus, ton nécessaire de maquillage, ton sèche cheveux, ton fer à lisser, tes sous-vêtements et toute ta garde-robe ;

  • si tu es en couple, tu seras très bientôt seul(e) ;

  • si tu es seul(e), tu le resteras pour toujours et les sites de rencontres refuseront ta candidature en se moquant de toi ;

  • tu seras obligé de remercier ton patron et tes collègues quand ils te traiteront de feignasse en disant que ton boulot, c’est de la merde ;

  • il te reste juste cinq minutes à vivre, pas une seconde de plus, le temps pour toi de baliser un max avant de trépasser dans d’atroces souffrances ;

  • si par malchance tu survies à tout ce qui précède, des Gremlins te chatouilleront les pieds jusqu’à ce que tu meures de rire;

  • celui qui t’a envoyé le message sera aspiré par la moto-crotte.


Ainsi a parlé le grand YAKA.


Alors, s’il te plaît, envoie toi aussi

tout de suite ce message à cinq de tes ami(e)s

pour que la LEM* ne s’abatte pas sur moi.


*LEM : Loi de l’Emmerdement Maximum

Doug



"Recherche volontaire pour balancer son fiel"


Un homme à découvrir

Connaissez-vous François-Joseph de Beau poil, marquis de Saint-Aulaire, militaire et poète français, né à Aixe-sur-Vienne en 1648 et mort en (tenez-vous bien!!!) 1742 ?

Ses plus chouettes réussites : gouverneur du Limousin et admis à l’Académie française.

Moi non plus, vous confierai-je, avant de tomber sur sa courte biographie.

Il entra dans l’armée, animé de bravoure et amoureux des duels.

Il la quitte, parvenu (attention les yeux!) au grade de lieutenant-général, mieux que Napoléon Bonaparte!!!!

Petit cours d’histoire (site internet de la défense)

«A partir de Charles VII en France, l'habitude a été prise de donner au représentant du Roi le titre de lieutenant-général. Le titre ne devient un grade que sous louis XIII. La Révolution le remplace par celui de général de division mais la Restauration le réhabilite. La chute de la Monarchie de Juillet consacre l'appellation de général de division.

Dans ma petite histoire à moi, des camarades de galère m’ont assuré qu’à cette époque les faits d’arme faisaient progresser parfois très vite, en récompense de l’amour de la patrie.

Installé à Paris, l’esprit délicat et vif du marquis lui permit d’être accueilli dans les salons où ses bons mots et ses vers firent un malheur, jusque parvenu à un grand âge où il fit le meilleur de sa prose. Malgré la longueur très enviable de cette «carrière;» littéraire, peu de ses écrits nous sont parvenus et il ne fut jamais publié.

C’est à croire qu’il n’était seulement présent que pour amuser la galerie, celle de la duchesse du Maine qui l’avait surnommé son berger. Peut-être gardait-il les moutons de Marie-Antoinette entre deux poèmes? Ah, non, c’était un peu plus tard les bestioles au cou orné de rubans de soie.

A son entrée à l’Académie française, nul n’a pu l’empêcher de remercier les membres déjà présents par un long discours soporifique qui en dit beaucoup sur la façon de s’exprimer de ces beaux causeurs. C’est ainsi que l’on peut lire dans son discours de réception le 23 septembre 1706 : «L’inclination que j’ai toujours eue pour les lettres, au milieu même des exercices et des devoirs qui semblent en éloigner le plus, vous a rendus favorables à des désirs que je n’ai point cachés. Mais puis-je espérer que le peu de temps que j’ai donné à l’étude me serve d’excuse, quand je prends la place d’un Académicien, dont l’éloquence naturelle vous charma tant de fois, sans avoir besoin de secours étranger.»


Demande d’intercession


Cher bienfaiteur,


Comme vous le savez, j’ai survécu de justesse à diverses tentatives d’extermination planifiées en raison de ma race, de ma religion ou de bien d’autres critères. Ma survie n’a souvent dépendu que de motifs étrangers à mon droit fondamental de vivre. Mon existence ou ma mort ne sont, très souvent, que le résultat d’intérêts économiques ou de luttes d’influences entre puissances concurrentes. Jusqu’à présent, malgré la souffrance et la honte, j’ai toujours réussi à m’en sortir. Pourtant, cette fois, j’ai un curieux et sinistre pressentiment et il me paraît important de m’en ouvrir à votre grande sagesse. Avec ces modestes lignes, je souhaite donc, cher bienfaiteur, vivement attirer votre attention sur des risques de dérapages cataclysmiques qui me semblent désormais hautement probables. Mais venons-en aux faits.

Depuis quelques temps, à la faveur de difficultés économiques croissantes et généralisées, je constate des dérives que rien ne paraît pouvoir endiguer. Des tensions importantes entre états, imputables à quelques individus aux égos surdimensionnés, génèrent des effets déstabilisateurs un peu partout. Pour parvenir à leurs fins, ses mêmes personnes utilisent des procédés maintes fois éprouvés, tels que la peur et la haine, le chantage et le mensonge. Des tensions jusqu’alors jugulées renaissent. Une ambiance délétère s’étend au sein des nations. De fait, les fragiles équilibres entre états se diluent pour laisser la place à une désorganisation galopante. À noter que cette fois, cette petite fraction de puissantes personnalités peut aussi compter sur des progrès techniques considérables. Ces derniers leur permettent d’amplifier les effets de leurs actions pour étendre leur hégémonie sans commencer directement par une guerre. Je suis l’objet d’un jeux d’échec invisible où chaque coup détruit un peu plus des principes essentiels telles que la liberté, l’égalité et la fraternité. Chose surprenante et incompréhensible, il apparait aussi clairement que la dimension humaine ne suffit pas à ces fossoyeurs, car ils s’attaquent aussi à mon environnement. Face à ce travail de sape aux conséquences incalculables mais dramatiques, les populations semblent anesthésiées, voire médusées par la folie des quelques personnes qui détiennent un pouvoir exorbitant sur les affaires du monde. En y ajoutant des difficultés d’ordre religieux éparses sur le globe, la possibilité d’utiliser des armes au pouvoir dévastateur inégalé, vous conviendrez, comme moi, que nous nous orientons vers un problème complexe et global très difficile à régler.

Vous et moi savons que ces dérives ont déjà été constatées dans notre histoire et qu’à chaque fois, elles ont débouché sur des phénomènes de destruction massive. Cette fois encore, malgré les enseignements tirés du passé, il semble que la mécanique infernale soit de nouveau enclenchée. Pourtant, je vous assure que j’ai déployé énormément d’énergie pour faire de ma mémoire une véritable arme de dissuasion. Hélas, parmi nous, certains parviennent, en exploitant l’ignorance et la bêtise, à instiller des mensonges pour en faire des vérités mortifères. Quand en outre, je vois l’utilisation qui est faite des réseaux sociaux, où une bonne partie de mes congénères diffuse sciemment toutes sortes de fausses informations, ou les propagent bêtement sans vérifier leur bien-fondé, je me dis que le combat de la vérité est quasiment perdu. Les théories du complot, utilisées par certains vont en effet bien au-delà du simple petit calcul politique local, car elles annihilent la confiance de l’homme dans son histoire et détruisent toute forme de solidarité. Les individus à l’origine de telles théories ne le comprennent sans doute pas, mais ils agissent en qualité de fossoyeurs de l’humanité.

J’ai accompli d’énormes progrès scientifiques pour aplanir les différences, renforcer l’égalité et la solidarité, offrir un monde sans guerre où les besoins seraient automatiquement comblés. C’est toujours ma volonté, mais là encore, pour chaque découverte, l’un de nous exploite sa face cachée pour en faire quelque chose de nuisible. Est-ce inhérent au progrès ou à la bêtise humaine ? Je vous avoue que je suis las de m’interroger sur la nature de l’homme. Pour tout vous dire, je me considère comme un miracle évanescent et je pressens que mon sursis touche bientôt à sa fin.

Cher bienfaiteur, j’ai conscience de mon indignité, mais s’il vous plaît, cette fois-ci, faites le bon choix. Si vous estimez que mon avenir a un intérêt à vos yeux, aidez-moi. Si l’idée contraire vous venait à l’esprit, ce que je n’oserais vous reprocher en raison de notre comportement perfide, alors, n’hésitez pas et frappez! Frappez de toutes vos forces et ne me laissez aucune autre chance de vous décevoir. Enfin, si vous deviez choisir l’apocalypse, dites-vous bien que j’éprouve presque un soulagement, car dans le chaos qui dominera ensuite ce monde, il ne restera plus personne pour pervertir la nature de mon supplice.

Dans l’attente de votre décision et avec tout le respect que je vous dois en qualité de créateur universel.

Respectueusement, l’homme.


 


Le téléphone, c'est comme le froid de cette saison, ça ne facilite pas les rapports humains. En regardant son téléphone, Flacolle se demande si cette chose est vraiment si utile que ça. Démonstration :



Ultras connectés ou déconnectés ?

Par Flacolle


De nos jours , il n’est pas possible de sortir de chez nous sans notre téléphone mobile. 

Autrefois révolutionnaires malgré une technologie qui peut nous paraître rudimentaire aujourd’hui, ils sont de plus en plus performants . 

On peut désormais quasiment tout faire avec un téléphone portable , en plus de sa fonction d’origine qui est téléphoner et envoyer un message . 

Consulter ses comptes bancaires , surfer sur internet, jouer à son jeu préféré , ou encore regarder des films ou des séries . 

Mais nous sommes de plus en plus esclaves de ces engins. 

Aux repas de famille , en sorties entre amis ou au restaurant.

Il m’est arrivé d’observer les gens aux terrasses des cafés et de constater que plus personne ne se parle mais reste branché sur son téléphone .

Les enfants ne jouent plus aux petits chevaux ou au nain jaune mais sont scotchés sur les écrans .

Paradoxalement il n’y a plus de communication entre les humains et nous vivons une époque où raconter sa vie sur les réseaux sociaux sous forme de stories devient tendance .

Clic ! On photographie son assiette au resto ! 

Clic ! On se déforme le visage avec des filtre parceque c’est rigolo

Clic ! On filme notre soirée en boîte et on la poste sur Instagram 

Les relations humaines sont biaisées, la course aux likes compte plus que de profiter de l’instant présent .

Et si la révolution passait par laisser son portable de côté de temps en temps ?

De se balader dans la nature et de profiter du silence ?

De partager des moments privilégiés en famille sans être scotchés sur nos téléphones ? 

D’apprendre aux enfants à lire un livre ou de revenir aux jeux de société auxquels on passait des heures , enfants ! 

Oserai je le dire ? Oui , c’était mieux avant !



Les réseaux sociaux

Par Funny Valentine

Oui, oui, oui!!! Au risque de passer pour un fossile, ça me désole de voir tout ce déballage.

Qui sort le plus?

Qui a le plus d’amis?

Qui fait le plus la fête?

Qui a le plus d’esprit?

Sous prétexte d’ouverture et de partage, Il n’y a plus aucun filtre. 

L’être  humain retrouve ses instincts les plus bas et se délecte dans cette course effrénée au voyeurisme, avec une soif malsaine de curiosité: savoir tout ce que l’autre fait, tout ce qu’il ne devrait pas faire, tout ce que l’autre a, tout ce que lui, n’a pas...

Les enfants ne sont plus des enfants, témoins malheureux des travers des adultes. Par mimétisme, Ils deviennent  leur « copier/coller ».

Et les dérapages à l’école se poursuivent sur les réseaux sociaux.
Et les enfants victimes, se retrouvent piégées, traquées, condamnés.
La solitude, elle, est plus présente que jamais. 
Alors quoi?
Il n’est pas question de régresser, de ne pas se tourner vers l’avenir, non. Il suffit juste d’être un peu plus mesuré.
Oui, prenons le temps de vivre les bons moments!
Oui, savourons les instants d’échange et de partage!
Apprenons simplement à garder ce qui est précieux dans un coin de notre cœur, car c’est bien là où il est le mieux!!





Jour de la Toussaint : un vétéran tente à nouveau sa chance en exhumant une archive. Que la force soit avec lui.


Libération.

Par Doug


La nuit est noire. Une pluie fine et glaciale tombe sans discontinuer. Les nuages bas et le brouillard créent une chape insondable. Ce manteau de coton humide, presque étouffant, réduit notre visibilité à une vingtaine de mètres. Mes vêtements, trempés, sont lourds et oppressants. Le froid anesthésie ma peau et pénètre au plus profond de mon corps, comme des aiguilles.

Depuis plusieurs jours, nous livrons un combat acharné à la frontière. Sur le pont métallique qui la symbolise, des véhicules et des blindés en feu, détruits par des roquettes, achèvent de se consumer en faisant fondre le goudron. Les lueurs rougeoyantes de ces incendies ondoient et rayonnent dans le halo brumeux. Les flaques huileuses brillent sur le sol. L’enfer danse à leur surface. Sur les rives, de part et d’autre de l’édifice, unique lien entre l’ennemi et nous, des explosions sourdes retentissent.

J’avance en rampant sur ce pont, parmi les débris, avec deux camarades, l'arme en main. J'épouse parfaitement le sol, glissant comme un serpent, la peur au ventre. Un peu plus loin, un soldat de l'armée ennemi brûle. Il n'a pas eu le temps de sortir de sa voiture. Sa portière est ouverte, son tronc et ses bras carbonisés dépassent à l'extérieur, comme un morceau de viande avachi sur le bitume. L'odeur âcre de la fumée et des corps calcinés est insupportable.

Dans ma compagnie, on me surnomme « le spectre » en référence à mes faits d'armes, ma capacité à me déplacer en silence et à tuer, vite et bien. Mais mon vrai nom n'a pas d'importance. J'ai à peine dix sept ans. J'en fais bien plus. Mes papiers étant détruits, j'ai menti sur mon âge pour m'engager sur le front. Mes géniteurs ne m’ont pas laissé le choix. Mon père était un collabo. Ma mère tenait un bordel en zone occupée. Elle aurait pu tout plaquer et partir avec moi, mais elle n'en a rien fait, préférant rester et magouiller avec l'ennemi. Ces comportements insoutenables ne correspondaient à aucune logique pour moi. Ils vivaient dans un univers parallèle au mien, incompatible. J'étais volontaire pour cette mission, sans hésitation.

Je dois détruire ce pont, ou tout au moins, le rendre infranchissable. Sur mon dos, je transporte des explosifs avec le nécessaire pour revenir me mettre à l'abri, en arrière, et déclencher le feu. Des débris de béton et des petites pièces de métal innombrables jonchent le sol. Elles s'enfoncent dans mes chairs. Je serre les dents.

Nous approchons du point de fragilité. L'endroit où je dois installer mon dispositif n’est plus très loin. Je continue. Mes camarades restent en arrière, prêts à m'appuyer pour que je puisse travailler dans les meilleures conditions de sécurité. Leur seconde mission, s'il devait m'arriver quelque chose, consiste à me remplacer pour que ce pont saute, coûte que coûte.

J'y suis. Lentement, je retire mon sac et j’en sors les explosifs. La charge est importante. Je l'installe sans bruit. J'y enfonce le détonateur relié à du cordeau détonnant. C'est prêt.

Je fais signe aux deux autres que tout est en place et qu'il faut reculer. Quand ils auront terminé leur retrait, ce sera mon tour de me retirer en déroulant le cordeau.

Je les vois se déplacer, l'un après l'autre. Quand ils se sont arrêtés et installés en position de tir, juste derrière un blindé, j'y vais. J'ai à peine fait deux mètres qu'une fusée éclairante, suivie d'une deuxième, montent vers le ciel, au dessus du pont.

J'apparais alors sur les gravas, à découvert. Je suis nu dans cette barque de métal, exposé à l'ennemi.

Des tirs nourris sont déclenchés depuis l'autre rive. Je suis atteint par une balle dans le dos. Une autre me brise le fémur droit.

Mes camarades ripostent, sans trop savoir d'où viennent les rafales. Des traits lumineux zèbrent l'espace en sifflant au dessus de moi. Le claquement des balles, suivi des détonations est caractéristique. Elles sont plus rapides que le son.

J'ai mal. C'est insupportable.

Je rampe comme je peux pour me mettre à l'abri d'une carcasse de véhicule toute proche. Un déluge de feu s'abat aussitôt sur l’amas de ferraille qui me protège. Les impacts crépitent sur la tôle rouillée. Des étincelles jaillissent sur le sol. Je suis cloué et isolé. Les autres ne peuvent pas venir me chercher, sauf à être immédiatement abattus.

Je perds beaucoup de sang. Dans mon for intérieur, je réalise avec effroi que je ne m'en sortirai pas. Mon corps est secoué par la douleur intense et la peur.

Mes mains tremblent. Avec d'énormes difficultés, je relie le cordeau à l'exploseur. Je lève les yeux vers mes camarades. Ils ont compris et se couchent.

Je rassemble mes dernières forces.

Laver l'honneur de notre famille pour tenter de faire oublier ceux qui ont failli.

Effacer la lâcheté collée à mon nom.

Recouvrer la liberté dans un éclair.

J'appuie sur la poignée de l'exploseur.


Doug











"Les auteurs de science-fiction prévoient l'inévitable, et bien que les problèmes et les catastrophes puissent être inévitables, les solutions, elles, ne le sont pas." 
(Isaac Asimov, né le 2 janvier 1920 - mort du sida le 6 avril 1992)


Deux textes à vous mettre sous la dent :

  1. Chroniques d’un monde. Deuxième portée : Razhor et la ville perdue. Par Tye’o lovier
  2. Quand ne meurt le passé. Par Mélanie Anaïette

C'est parti !


Chroniques d’un monde.

Deuxième portée :

Razhor et la ville perdue.


Par Tye’o lovier


Il faisait beau ce jour-là.

Le sol était sec et l’herbe chaude sous les pas du coureur. Les pieds protégés dans leurs chausses faites de peau de lièvre se frayaient facilement un passage au milieu des brins jaunis par l’été bien avancé. Les poils caressant les fibres et les coussinets de peau martelant le sol n’émettaient presque pas de bruit, assurant la discrétion du chasseur.

Le jeune garçon savait où il allait. Etant sorti de la grande forêt depuis une heure, il arpentait un espace moins boisé. Une ancienne cité abandonnée depuis longtemps. L’endroit était un lieude chasse privilégié, bon nombre de petits animaux venant s’y réfugier, y établissant leurs nids, pensant sûrement être à l’abri des grands prédateurs des sous-bois.

Non loin se trouvait un espace plus dégagé, tout proche de marais où vivait une grande colonie de lapins. Un met de choix que le jeune homme et sa famille appréciaient tout particulièrement pour sa chair ferme et délicate dégageant se parfum si agréable au nez une fois cuit au feu de bois. Quoi de mieux que quelques lapins embrochés sur le feu crépitants et fumants. La salive lui emplit la bouche rien qu’à la pensée de ce festin qu’il ferait bientôt.

Il était parti depuis la veille, ayant parcouru la forêt à petites foulées, il ne s’était arrêté que peu de fois, non pas moins pour prendre une pause que pour se repérer en fonction des balises qu’il avait laissé sur certains arbres. Des croix de couleur qu’il avait réalisé sur les troncs à intervalle régulier à l’aide de pigments que son professeur lui avait donné. Depuis qu’il avait eu quatorze ans, ses parents l’avaient autorisé à partir chasser seul. Il avait donc eu le temps d’apprendre avec son père Làid, surnommé le fort, avant cela toutes les techniques nécessaires afin d’avoir le plus de chance de prendre une proie, mais également de se repérer dans l’espace.

Aujourd’hui, à seize ans, il était devenu l’un des meilleurs chasseurs de Pleine Forêt, le village où il vivait, et même les anciens le respectaient pour cela. C’était d’ailleurs eux qui lui avaient révélé l’existence de ce lieu il y avait un an de cela. Depuis, il y venait à chaque sortie de chasse.

Très vite, le jeune chasseur arriva à hauteur d’une berge. Le large cours d’eau qui se frayait un chemin à cet endroit n’avait en cette période de l’année qu’à peine plus de courant qu’un lac gigantesque serpentant au travers de ravines peu profondes. Le fleuve asséché par le climat hardant avait laissé apparaitre les berges mêlant terre et pierres.

Droit sur ses jambes, surplombant les eaux, le chasseur observa les alentours. Armé de son arc qui pendait autour de son torse nu, et de ses flèches reposant dans le carquois sur son dos.

Razhor fit un tour d’horizon du regard. Il portait sur les jambes, un pantalon de cuir provenant de la peau d’un bison que son père avait chassé il y a quelques années, avec un renforcement fait en ostéodermes d’Ampelosaurus au niveau des genoux. Sa mère Zuhra avait confectionné ce vêtement et lui avait offert pour son dernier anniversaire. Quant à ses armes, c’était son grand-père Mahron qui les lui avait données en présent le jour où il était parti chasser seul pour la première fois. Les flèches avaient été taillées dans du bois de cèdre et leur empennage avait été réalisé grâce à des plumes d’aigles royaux. Les pointes de métal provenaient, elles, de chez le forgeron du village, l’effilage était parfait et travaillé de main de maître par cet homme, Tallum, qui tenait comme héritage le travail des métaux par son père qui le tenait lui-même de son père et ainsi de suite d’aussi loin que l’on pouvait remonter dans leur histoire.

Tallum était un nom rare, Razhor ne connaissait cette dénomination que chez cet homme. L’individu rustre, au visage barbu et bourru lui avait un jour parlé de l’origine de ce prénom hors du commun. Il s’agissait en fait tout simplement de la contraction de metallum, un mot provenant d’une ancienne langue que l’on étudiait plus depuis deux cents ans et qui ne se parlait même plus depuis plus d’un millénaire. Metallum signifiait forcément métal, et quand on voyait le personnage qu’il était, on se disait facilement que ce mot lui convenait tout à fait.

Un sourire s’afficha sur le visage du garçon alors que maintenant il se rappelait les origines de son propre prénom. Sa mère les lui avait racontées une nuit alors qu’il n’avait que cinq ans. Le feu brûlait dans l’âtre de la cheminée, c’était l’hiver et le vent glacial soufflait au-dehors de la maison de bois. Alors qu’il était un peu fiévreux et qu’il venait d’avaler la potion préparée par la guérisseuse, le visage doux aux grands yeux marrons emplis d’amour de sa mère s’était penché vers lui et elle avait décidé de le détendre en lui racontant des anecdotes sur sa petite enfance. Elle en était naturellement venue à lui demander s’il savait d’où provenait son prénom. Evidemment, il avait fait non de la tête et après avoir esquissé un large sourire, sa mère lui avait alors raconté qu’au moment de sa naissance, ni elle, ni son père n’avaient réussi à se mettre d’accord sur un prénom, qu’à l’époque, ils étaient en route pour rejoindre ce village et que la priorité n’avait pas été immédiatement dirigée sur le choix du prénom du bébé. Durant des mois, ils ne l’avaient appelé que par de petits surnoms, jusqu’à ce que vers l’âge de neuf mois, ses babillages ne commencent à se transformer en mots, et l’un des premiers d’entre eux avait été une tentative du mot « dinosaure », qui avait donné « rasaure » dans sa bouche enfantine. Depuis ce jour, les deux parents avaient décidé de prénommer leur fils Razhor, un nom à priori unique.

Autour de lui, tout n’était que hauts murs de pierre taillée perdant peu à peu des morceaux jonchant le sol en tas de gros cailloux, avec leurs balcons métalliques se balançant pour certains dans le vide et vitres brisées, mêlés à une végétation dense faite d’arbres anciens, de plantes herbacées et de fleurs en tout genre. Au bord des eaux, les graminées se balançaient au gré du petit vent qui soufflait, tandis que des nénuphars avaient envahis les rives du cours fuyant vers l’océan loin à l’ouest. Ce qui avait été autrefois des routes n’étaient plus que des tracés quasiment informes défoncés par les racines des arbres deux fois centenaires qui par endroit étendaient leurs houppiers jusqu’à presque en cacher le ciel.

Razhor avait déjà eu l’occasion de parcourir l’ancienne cité et il avait réussi à déterminer que celle-ci devait s’étendre sur plusieurs dizaines de kilomètres et qu’elle se trouvait dans une cuvette. Plus loin, au nord-ouest, on pouvait admirer, du haut de collines, la quasi entièreté de sa superficie et de loin en loin de nombreux bâtiments de verre et de béton dépassaient encore les frondaisons des arbres qui avaient engendré une sorte de forêt nouvelle après la grande débâcle d’il y a deux siècles. Le jeune homme en avait beaucoup entendu parler, surtout à l’école où cette période de l’histoire était étudiée.

Depuis ce moment, les hommes de plusieurs régions du monde n’avaient eu de cesse de se réunir afin de créer le royaume gigantesque dans lequel il vivait, le Rike Rodinia, le royaume de la terre mère. Ainsi, les peuples du vieux continent où Razhor avait grandi avaient tous conclu un accord entre eux, ainsi qu’avec les populations qui vivaient sur le grand territoire du sud, les terres très à l’Est et les contrées de l’autre côté de l’océan qui bordait les côtes de l’Ouest. Un accord qui spécifiait l’union de tous autour de la même bannière et des mêmes lois, abandonnant ainsi la plupart des usages qui avaient fini par détériorer la vie sauvage un peu partout sur la planète. De ce fait, plusieurs jours étaient consacrés au cour d’une année aux souvenirs liés aux grands évènements qui s’étaient égrainés depuis la grande catastrophe deux cents ans plus tôt, notamment le jour des travailleurs qui tombait juste avant l’hiver et honorait le jour où différents corps de métier avaient décidé de participer dans un même effort à la construction ou reconstruction des villages après l’abandon progressive des grandes villes rendues pratiquement désertes après la grande pandémie, ou le jour de la grande libération qui marque le rappel du lancement de grandes navettes dans l’espace afin de se débarrasser des déchets radioactifs qui risquaient d’empoisonner les ressources naturelles qui, lui, tombait en plein cœur de l’été. Ces différents jours étaient là pour rappeler combien il était important de réunir les Hommes autour des mêmes causes, des causes nobles et qu’il était important de circonscrire toute forme de haine. 

Bien sûr, certains peuples avaient décidé de signer partiellement les accords, concordant ainsiavec le désir de non pollution et de non-agression, mais ne souhaitaient pas entrer dans le grand royaume en construction. Les gens des terres glacées au nord s’y étaient refusés, ainsi que les peuplades du désert juste avant le vieil empire de l’Est. De nombreux territoires restaient même dans une sorte d’inconnue, alimentant des mythes et légendes dont la plupart semblaient fondés. Razhor se souvint alors qu’un jour, il avait tenu dans ses mains d’enfant ce que sa professeure de l’époque avait appelé une photo. Une image du réel apposée sur un papier étrange, au grain lisse et reflétant la lumière comme il n’en avait jamais vu jusque-là. Sur cette photographie était présenté un instant de vie au milieu de cette grande cité dans laquelle il venait de s’arrêter de courir. Il avait pu pour la première fois voir ce qu’avait été réellement le mode de vie des gens de l’époque, leurs accoutrements étranges, les véhicules qui les transportaient, les longues rues quasiment dénuées de toute végétation, les hautes bâtisses surplombant des routes et des trottoirs bitumés. L’angoisse lui était monté un instant en observant cette image, il ne se serait jamais imaginé pouvoir vivre dans cette immense ville, et un sentiment d’oppression et de perte l’avait envahi avant que sa professeure ne reprenne l’objet pour elle et qu’elle ne parle de la vie d’avant la catastrophe. Il n’avait que six ans à ce moment, mais encore maintenant, rien que la pensée de cet instant lui procurait une sensation étrange dans l’échine, comme une gêne lui donnant de petits vertiges. Il avait besoin de sa liberté et certainement pas de la vie agitée des habitants de la cité perdue.

Les lieux raisonnaient du grincement des arbres et du chant des oiseaux qui se mêlaient de concert aux craquements et différents bruits de chute provenant des structures que le temps et les éléments affaiblissaient depuis si longtemps. La pluie avait fini par ronger les peintures et crépis et s’infiltrer au travers les interstices, en créant surement de nouveaux, grattant la pierre et rouillant les métaux et par l’action répétée de la chaleur et du froid, tout finissait par éclater et s’effondrer.

De longs crissements plaintifs répercutaient leurs gémissements sur les troncs et les murs écartelés et fissurés gagnés par les lierres et autres plantes grimpantes. Les bruits semblaient lointains. De là où il se trouvait, Razhor ne pouvait voir d’où cela provenait, mais quelque part, il s’en doutait. Il était encore tôt et le jeune homme estimait qu’il pouvait encore aller faire un tour avant d’aller chasser le lapin. Ces animaux évitaient de sortir sous la grosse chaleur, il irait donc se mettre en chasse lorsque le soleil serait bien descendu dans le ciel.

Sa longue tignasse blonde flottant dans la légère bise chaude de l’après-midi, Razhor entreprit alors la descente du mur de terre et de pierres défoncés qui se trouvait sous ses pieds, sautant de roche en roche, traces restantes de l’ancienne muraille qui gardaient les berges en dur à l’abri des caprices du fleuve dans les temps anciens. Quelques matériaux en métal rouillé émergeaient encore de la terre par endroit, visible là où les plantes n’avaient pas encore pris place. A quelques mètres de lui, au bas du dénivelé était accroché à un piquet de bois une petite embarcation. Une pirogue creusée dans un seul tronc de chêne qui attendait là, la proue pointant vers l’Ouest et se balançant tranquillement sur les eaux calmes. C’était la sienne, il l’avait patiemment fabriquée durant un hiver alors qu’il avait treize ans, en prévision de ses futurs projets d’aventure. Il s’était dit qu’un jour, il naviguerait sur le fleuve à la seule force de ses bras et qu’il rejoindrait l’océan. Un jour, lorsque ses parents le laisseront partir, il ira voir toute cette eau salée dont on lui avait parlé et qu’il avait vu sur des images ou des dessins. Parait-il qu’on n’y voyait pas l’autre bout, et ça, ça le faisait rêver. Déjà, il s’entrainait régulièrement à la pêche, c’était certes moins facile que la chasse, là où il excellait, mais il ne se débrouillait pas si mal finalement.

Une fois installé dans son petit navire de bois, le jeune homme se munit de sa longue pagaie qui était posée sur le fond et la disposa sur les deux bords. Il détacha la corde qui retenait la poupe au piquet, puis il laissa le bateau s’éloigner paisiblement de la rive où poussaient des roseaux et d’autres grandes herbes, écartant de gros nénuphars verts sur son passage. Razhor se mit ensuite à pagayer afin de traverser le fleuve dans sa largeur, affrontant ainsi de ses deux bras et de ses muscles abdominaux le petit courant estivale qui entrainait les eaux vers le lointain.

Sur sa droite, une grande île partageait le fleuve en deux et au travers des arbres et des plantes variées, on y voyait encore les anciennes habitations de quatre ou cinq étages dont les revêtements étaient tombés en décrépitude, lorsqu’ils n’avaient tout simplement pas fini par disparaître, laissant à nu les roches taillées composants des bâtisses longeant les rives, ainsi que le pont de pierre qui traversait sa pointe, joignant ainsi ce bout de terre aux deux autres rivages. Certaines maisons semblaient sur le point de s’effondrer tant elles s’affaissaient vers l’avant. D’autres avaient déjà dû s’écrouler par le passé, laissant la place libre à toute la nature qui s’était installée là. Un haut édifice de pierre, surmonté de deux tours carrées et largement ouvertes aux vents sur toutes leurs parties la plus haute, dominait pesamment ce paysage perdu et redevenu sauvage. De longues arches semblaient soutenir toute la structure sur ses versants nord et sud, bien que certaines semblaient s’être écroulées depuis bien longtemps, alors que d’autres étaient gagnées par les lianes, quand un arbre ne les cachait pas déjà. De hauts toits surmontés de flèches faisant face aux deux tours, semblaient indiquer l’emplacement d’un autre imposant édifice. A gauche, un pont aux pieds de pierre soutenant une structure en métal rouillé et parsemée d’herbes et de petits arbrisseaux traversait le fleuve de part en part. Razhor évitait d’emprunter ces ouvrages abandonnés et non entretenus de peur que l’un d’eux ne finisse par s’écrouler sous son poids. De loin en loin, l’ancienne cité s’étendait à perte de vue dans un mélange chaotique d’architecture écaillées ou démolies et de végétation s’épanouissant et occupant toutes les places vacantes, poussant même à la disparition des espaces autrefois construits. Quelques hauts monuments transperçaient encore, malgré les effets dévastateurs du temps, la canopée encore jeune, semblant ainsi garder un œil sur l’ancien monde qui retournait peu à peu à la poussière.

Au milieu du fleuve, Razhor repéra le lieu où il voulait se rendre. Une haute tour solitaire un peu plus au nord, proche du fleuve, surmontée de quatre statues qui trônaient à chaque angle, la plus haute d’entre elle étant exposée sud-ouest. Sans peine, le jeune homme blond traversa le fleuve, écoutant le clapotis du courant faiblard sur la coque de bois, le chant des oiseaux qui vivaient dans les houppiers ou survolaient les lieux, parfois très haut, taches noires sur fond bleu brûlé par le soleil.

Alors qu’il s’approchait du bord caillouteux et planté de roseaux, une énorme libellule lui passa juste sous les yeux. Le jeune homme eu un léger mouvement de recul avant qu’une créature ailée plus grosse encore ne lui passe devant à son tour. Tournant la tête afin de suivre son vol, Razhor pu la voir distinctement rattraper l’insecte dans sa fine gueule étroite et dentée. Le petit ptérosaure entreprit alors un demi-tour dans les airs, frôlant presque l’eau avec sa longue queue disposant en son extrémité d’un genre de gouvernail s’élargissant en une forme cylindrique sur le bout, avant de repasser au-dessus de la tête du garçon toujours assis dans son canot. La partie ventrale du corps entier de l’animal était blanchâtre alors que tout le dos était noir. Seule le bout de sa queue se retrouvait annelé, alors que sa tête arborait des sortes de dessins au niveau des yeux et des narines. Razhor put ainsi le reconnaitre. Bergamodactylus, un petit genre de ptérosaure ne dépassant pas les cinquante-cinq centimètres d’envergure.

Regardant par intermittence le volatile voleter agilement au-dessus des eaux mortes du fleuve attrapant au passage plusieurs autres insectes d’un coup de bec rapide, Razhor atteignit rapidement la berge. Tirant son embarcation sur le sol, repoussant les longues tiges drues qui lui barrait la route. Après s’en être sorti, il continua d’observer le ptérosaure qui poussait de petits cris rauques. En regardant cette magnifique petite créature volant au beau milieu de la ville détruite, le jeune homme se dit que tout de même que les Hommes de l’ancien temps avaient réussi à créer des choses merveilleuses malgré tout ce qu’on en disait. Se détournant du cours d’eau, Razhor entreprit l’ascension de la bute agrémentée d’affleurements minéraux et d’enchevêtrements racinaires qui le mènerait sur la partie nord de l’ancienne ville. Levant les yeux au ciel, le souffle puissant et les muscles bandés à chaque effort, il vit au-dessus de lui la couverture verte des feuilles qui se déployaient en tous sens et se frottaient les unes aux autres au gré du léger vent, assombrissant peu à peu l’atmosphère. A mesure qu’il grimpait, les énormes troncs noueux des chênes se dressaient devant lui, le surplombant de toute leur masse, intimant comme une sensation de respect de la part du jeune homme, se trouvant soudain petit et fragile au-devant de ses géants aux corps quatre fois plus large que lui. Se dressant à son tour face aux écorces écailleuses, le garçon marqua un arrêt et les observa sur toute leur hauteur, son regard se perdant dans les larges houppiers qui s’entrecroisaient, les branches semblant se serrer les unes aux autres dans une sorte de lancinante et lente étreinte entre de longs doigts ligneux parcouru de belles feuilles lobées et bien vertes. Laissant finalement derrière lui ses embrassades végétatives, Razhor se mit en route, trottinant sur le mucus meuble, bientôt forestier, qui recouvrait le sol. 

Il se retrouva vite, après avoir quitté la berge, dans une ancienne rue bordée de hautes bâtisses gagnées par la végétation. Là aussi, les vitres des fenêtres n’avaient pas tenu le passage du temps et certains murs étaient même éventrés. L’édifice sur sa gauche, dont les pans étaient à présent presque dissimulés par un bosquet d’arbres, mêlant charmes et bouleaux et plusieurs autres plantes herbeuses, semblait avoir été un lieu impressionnant en son temps. Razhor se souvint avoir arpenté toute la partie externe de l’endroit qui possédait une grande cour en son sein. Les colonnes qui autrefois décoraient et soutenaient certaines parties du long bâtiment de pierre étaient à présent, comme tout le reste, en proie à la grande végétalisation qui, incessamment, s’enchainaient aux moindres interstices, poussaient sur le moindre bout de terre libre, jusque sur les toits vides.

Arrivant à un embranchement, il prit à droite dans une nouvelle voie large, mais bien plus longue que la précédente. Il savait que la tour solitaire était au bout de cette axe. C’est en prenant le virage qu’il entendit à nouveau le long sifflement éraillé qui traversait l’ancienne cité tout le long des journées qui s’écoulaient depuis deux cents ans. Le jeune homme continuait à courir sur la terre, prenant garde à ne pas se prendre les pieds dans les épaisses racines qui traversaient le site de part en part, appuyé par la présence des monstres d’écorces qui bordaient à présent toutes les rues. Partout où il regardait, toutes les voies adjacentes n’étaient que vieilles bâtisses sans âme et arbres gigantesques se dressant afin de prendre leur place. Tout autour de lui les anciennes colonnades s’écroulaient et les vieilles arches se creusaient et à de nombreux endroits, des trous bordés de vieux parapets tombant et pris par la rouille creusés dans le sol aux abords des constructions semblaient vouloir le mener vers les nuits éternelles des sous-sols d’où s’échappaient à certains moments des sortes de hurlements glauques et effrayant crées par le vent. Comme des appels à sombrer dans l’inconnu.

Après plusieurs minutes d’une course qui l’avait à peine essoufflée, il la vit enfin, cette tour toute de pierres taillées, haute de cinquante-quatre mètres, parcouru de vieux vitraux éclatés, de bas-reliefs et de statues et entourée d’une végétation exubérante. Tout en haut, il put apercevoir la sculpture de forme humaine qui semblait regarder vers le lointain. Razhor se dirigea vers la construction érigée droit vers le ciel à petites foulées, ne prêtant guère d’attention à l’ancestrale barrière de métal qui n’était plus que morceaux éparses et rouillés envahis par les ronces.

Montant les quelques marches qui le séparaient du perron, il se retrouva vite sous l’une des arches qui soutenaient toute la structure. La statue d’un homme debout trônait en plein milieu, gagnée par les plantes grimpantes.

Razhor rejoignit rapidement l’escalier étroit et hélicoïdal qui grimpait jusqu’au toit. Cette fois, il ne se permit pas de courir, préférant s’assurer que chaque marche était encore assez solide pour accueillir ses pas, écoutant également le moindre bruit suspect prévenant d’un possible effondrement. Finalement arrivé tout en haut, il poussa une porte métallique laissée entrouverte qui céda difficilement dans un long grincement plaintif qui semblait résonner de toute part dans la tour creuse.

L’adolescent entama finalement la traversée du toit dallé de pierres grisâtres et mouchetées de lichens et de petites pousses s’évertuant à s’approvisionner en chaleur afin de grandir entre les jointures. Razhor se dirigea vers la statue humaine, non sans prêter un regard aux trois autres qui marquaient chaque angle. Un aigle, un taureau et un lion. Arrivé à son objectif, il s’appuya sur l’homme de pierre afin de passer par-dessus le parapet et de s’y assoir.

Razhor observa alors de ce point de vue, une grande partie de la ville. Il voyait tous les toits gagnés par la végétation et bientôt les houppiers des arbres qui ne cessaient de pousser. Le soleil baignait de tous ses rayons la cité qui s’écroulait petit à petit, laissant s’évanouir le passé glorieux de l’ancien monde. Le jeune homme devinait également le fleuve qui coupait la ville en deux. Soudain, le long sifflement aiguë et mélancolique donna à nouveau de son chant inharmonieux.

Un très haut édifice de métal, immense flèche de fer dentelé, était plantée sur l’autre rive. D’une hauteur vertigineuse, elle laissait entendre sa complainte, signe de fatigue et d’effondrement prochain. Le vent, la pluie, le froid et le chaud auraient bientôt raison de ce monstre colossale se dressant sur ses quatre pieds de géant. Razhor savait que bientôt cette autre tour ne serait plus. Cette immense structure conçue par l’ancienne civilisation était pourtant l’une des choses qu’il aimait le plus à regarder lorsqu’il venait ici, se reposer sur ce parapet de pierre, à côté de cette vieille statue s’élevant aussi fièrement face à la tour de fer, devant la perdition implacable du monde qui les avait vu naitre.

Razhor décida d’observer encore un peu ce mélange de destruction et de vie, vie qui tel un poumon gigantesque, marquait de ses entrelacs l’espoir de la nature de propager un nouveau souffle, une abondance d’êtres de toutes sortes, mêlant leurs cris et leurs chants au sein de la ville forêt qui se déployait sur plusieurs dizaines de kilomètres, jusqu’à d’autres tours dont le verre qui les composait autrefois avait presque totalement disparu.

Le soleil entamant sa descente spatiale annonça le départ en chasse.


Fin.

*



Mutation


Je suis une miraculée d'Auschwitz, un survivant de la prison S21 à Phnom Penh, un évadé du camp de Vorkouta, une rescapée de Miranda de Ebro. Je suis un être humain, comme vous, victime d'autres animaux de cette même espèce. 

J'ai été torturé, déporté, exécuté au nom des idées, des principes, toujours pour la bonne cause, à chaque fois dans l'intérêt collectif supérieur, souvent dans l'indifférence générale. 

Je me bats afin que la mémoire de mon supplice reste intacte et vive, pour l'exemple et aussi pour lutter contre ceux qui cherchent à pervertir mon histoire, la nier ou l’effacer. 

Vous doutez que cela puisse être possible ? Que l'on remette en cause des faits, ce que j’ai vécu, à des fins non avouées, mais discernables si on prend le temps d'observer et d'analyser ? Ouvrez les yeux sur ce monde et vous verrez sans peine que certains travaillent ardemment, parfois près de votre porte, pour ruiner mes efforts. 

Négation de l'histoire, théorie du complot, mise en cause de la démocratie, ingérence étrangère via les réseaux sociaux, mise au ban des médias... Observez et constatez. Les ingrédients sont là, prêts à l'emploi.

J'ai peur. Je sens l'inéluctable se profiler à l'horizon. S'ils parviennent à effacer ma mémoire, vous souffrirez et mourrez sans doute, comme moi, soyez en certains. 

Dans le silence qui accompagne ma route, face à l'adversité galopante, je prie. J’y mets tout mon cœur et toute mon âme pour que mon martyre ne soit pas vain. 

Ces expériences auraient dû me servir et pourtant, à chaque fois, je me fais surprendre. 

Pourquoi ? Parce que ces cauchemars appliqués au réel, produits de l'imagination sans bornes des hommes, sont le fruit d'une lente dérive. La tolérance et la loi sont systématiquement testées pour éprouver leurs limites. Certains flirtent publiquement avec les excès en ne les condamnant pas.

L’hydre s’adapte en permanence dans le système qu’elle va détruire. Ceux qui auront toléré ses agissements, par peur ou servilité, seront tôt ou tard atteints à leur tour dans leur chair par les horreurs qu’ils n’ont pas voulu voir. 

Au début, construction anarchique mue par le hasard, issue de la multitude, la somme des défaillances humaines créé inexorablement des faisceaux dégageant une tendance. Cette tendance est progressivement exploitée et canalisée pour devenir un courant, une influence qui amplifie le phénomène en captant tout sur son passage, jusqu'au jour où cette force devient supérieure à toutes les autres et réduit l'ensemble en l’anesthésiant, puis en l'étouffant pour le dominer et l'écraser. 

Le filigrane du destin, à peine perceptible au début, apparaît doucement, en surbrillance. Mais quand il devient éclatant, il est trop tard, sa lumière vous brûle les yeux. 

C'est cette accumulation insidieuse d'actes et de paroles qu'on souhaite parfois ne pas voir ou entendre en les qualifiant d'insignifiants ou sans grande conséquence, voire qu'on finit par considérer tout de même comme révoltants et contre lesquels on ne réagit plus, qui peut engendrer des hydres infernales et nous mener à l'effroyable. L'histoire l'a déjà prouvé. 

Ces bêtes immondes, honte de l'histoire des hommes, sont toujours susceptibles de resurgir sous une forme différente, parée d’un projet à la gloire de leur société. 

Mais il est probablement déjà trop tard. Quelque part, une nouvelle espèce est en gestation. 

Dans le magma fourmillant des hommes et de leurs concepts, au plus profond de leur vie quotidienne, des actes et des paroles creusent, en ce moment même, le lit du torrent qui va nous emporter si nous ne nous réveillons pas. 

Bientôt, très bientôt, la clameur rugissante des foules hypnotisées ne laissera aucun espace à ceux qui porteront des idées différentes. Les oppositions démocratiques seront étouffées. Ceux qui se seront tus garderont le silence pour ne pas être balayés par un rouleau compresseur avide de pouvoir et de vengeance. L'obscurité étendra son manteau. La peur se vivra en silence.

Le cortège funèbre attend son cocher. Nul doute qu'au sein des Nations, il apparaîtra bientôt dans l'une d'elle, paré d'arguments et de la force nécessaire pour nous conduire au repos éternel.

Doug





Oppression


Nous sommes le troisième jour du septième mois de l’année 4517 sur le calendrier réformé. Comparé à ma vie d’homme, ce nombre résonne en moi comme une éternité, une fuite sidérale vers l’infini. Je regarde le temps s’écouler sur mon écran. Les secondes y défilent de façon impitoyable. Silencieusement, chacune d’entre elles sonne le glas d’une parcelle de vie qui m’échappe et s’évanouit dans le néant. Ma condition de mortel me parait alors encore plus éclatante.

Mon nom ne vous dira sans doute rien, mais je m'appelle Artan 1.0-VSW-soixante treize. Je suis un Titanien, représentant comme tous les autres, l'unique nationalité de l'espèce humaine qui peuple ce globe appelé Terre.

Je ne connais pas mes géniteurs, car dès la naissance, nous sommes tous élevés dans des maternités collectives et éduqués par classe d'âge dans des écoles adaptées, après un tri drastique. C'est la volonté de notre guide de nous offrir le meilleur, à chacun, selon nos aptitudes.

Depuis un mois, je travaille dans un désert carbonisé par un soleil implacable et sans une goutte d'eau à des centaines de kilomètres à la ronde. Ici, je suis en mission sur le gigantesque chantier de démolition d'une ancienne cité vide de tout occupant. J’officie sur un ensemble de ruines érodées, effondrées sur elles-mêmes, balayées par le souffle d’un vent brûlant et violent. Ma tâche est éminemment complexe et périlleuse. Je dois effacer jusqu'à la moindre trace des vestiges honteux d'une civilisation insignifiante datant du vingt et unième siècle. Je regarde avec dégoût les images chaotiques de cet amas minéral sur mon écran. Des murs, des formes géométriques se dessinent en filigrane à travers le brouillard de sable qui vole dans l’atmosphère. Cet îlot perdu et infect ressemble à une verrue. Dans le passé, ce site devait être une sorte de furoncle où fourmillaient des vies sans âme.

Ma mission, très technique, consiste à employer des cohortes de robots spécialisés chargés de détecter, nettoyer et détruire toute trace de l’espèce dévoyée et lâche qui nous avait précédés. Après le passage des fureteurs et des fouisseurs-destructeurs, d'autres, des nettoyeurs, finiront le travail en rasant les infrastructures pour qu’elles retournent à la poussière. Mon action est symbolique, nécessaire, quasiment vitale pour la Nation. C’est un défi de tous les instants, motivé par l’intérêt publique et je ressens une légitime fierté à accomplir cette belle et noble charge. À mon modeste niveau je considère que je travaille pour l’expansion de notre empire. Bientôt, sur cet espace de nouveau libre, s'étendra la culture et la puissance Titanienne et j’en serai l’artisan de l’ombre.

Notre civilisation est forte. Elle a été bâtie sur deux principes essentiels, la justice et l’égalité. Malgré cela, certains se demandent encore bêtement comment nous en sommes arrivés là. C'est assez simple à raconter, car l'histoire nous donne des explications très précises et glorieuses sur l'origine de notre Nation, Titania. Son concepteur et guide, Titan 1er, est mort il y a bien longtemps, au vingt-deuxième siècle, en 2106 et grâce à lui, toute forme de religion a été supprimée. Son legs est immense et nous lui en sommes tous redevables.

Pourtant, bien que tout soit parfaitement cohérent, j'ai l'impression confuse et bizarre que quelque chose m'échappe. Je sais que des rumeurs infirmant la version historique circulent, des rumeurs combattues par les contrôleurs du pouvoir. Ce qui se dit, ou plutôt, se susurre comme tous les ragots, c'est que tout a commencé grâce à la volonté d'un seul homme au pouvoir charismatique, Titan 1er. Que sous son impulsion, tout se serait progressivement et insidieusement mis en place. À l'époque, personne n'aurait vu venir le changement, annoncé sous des discours officiels convaincants et ceux qui avaient subodorés de quelconques manipulations auraient été vite dénoncés et neutralisés. En peu de temps, le chaos se serait installé et l'homme providentiel, Titan 1er, aurait imposé sa loi par le métal, le rayonnement et l'addition simultanée de quelques alliances vites rompues une fois son objectif de domination atteint. Ce monde, désormais uniforme, aurait été forgé sous son joug, dans la douleur et le sang. Des déplacements massifs de population, complétés par l'extermination à grande échelle des souches résistantes auraient abouti à une assimilation forcée, elle-même renforcée par l'adoption d'un langage unique. Très vite, les comportements auraient tous été codifiés au sein d'un dogme décliné en lois et règlements pour les détails du quotidien. C'est grâce à cette organisation, précisément décrite, que la pensée se serait uniformisée. Le plus troublant, c'est que ces rumeurs trouveraient leur fondement dans des documents retrouvés par hasard. Des livres d'histoires en papier, oubliés et non remis aux contrôleurs ou simplement remis tardivement par leurs découvreurs. Du papier, une matière organique polluante, considérée à juste titre comme une hérésie pour n’importe quel Titanien. Cette théorie farfelue résiste assez bien, car elle réapparait régulièrement. Pourquoi des Titaniens font-ils ça;? Je ne comprends pas leur attitude. Nos édiles, eux, les considèrent à juste titre comme des artisans de la théorie du complot ou des citoyens égarés qu’il convient de traiter avec bienveillance. Afin d’étouffer les délires paranoïaques de ces malheureux et éviter toute contagion au sein de la Nation, le pouvoir nous informe systématiquement et avec objectivité sur les nouveaux faits commis par ces individus. Il communique via ses médias. Il dénonce les paroles et les actes de ces personnes comme de possibles et vaines tentatives de déstabilisation menées par quelques rares individus malades ou irresponsables. Remercions notre système de protection, car grâce au travail de fourmi des contrôleurs, ces perturbateurs n'ont aucun impact sur la cohésion de notre Nation.

Cependant il y a quelque chose que je ne comprends pas. Parfois, je m’étonne d’avoir en rêve des pensées similaires. Ces rêves me décrivent d'autres mondes possibles, d'autres formes d'organisation sociale qui paraissent cohérentes. Mais ça, je préfère le garder pour moi, car s'il advenait que mon rêve parviennent aux oreilles de la police de la pensée, je serais immédiatement envoyé dans un centre psycho-médical. Là, on m'expliquerait, à grand renfort d'arguments techniques et scientifiques, qu'en réalité, il s'agit de cauchemars qui trouvent leur origine dans des erreurs que j'aurais commises, de mauvaises habitudes, répréhensibles car non conformes au code et règlement, donc dangereuses et contagieuses. À l'issue de ce premier bilan, on me transférerait aussitôt vers un centre d'éducation pour aider à l’amélioration des comportements. Franchement, je n’en ai pas envie. Pourquoi subir une thérapie pour des pensées sans intérêt;? Ils ont sans doute raison. Après tout, ce sont tous de hauts responsables, d'éminents spécialistes, des sommités dont l’intelligence vive ne saurait être remise en cause.

Je ne sais pas pourquoi, mais aujourd’hui, j’ai du mal à endiguer ces pensées parasites. C'est tout de même étrange. Il y a des coïncidences bizarres. Certaines de ces rares rumeurs se recoupent et se complètent. Il paraîtrait qu'après destruction des pièces qualifiées d'écrits négationnistes et subversifs, des enquêtes poussées permettraient de savoir qui a eu accès ou connaissance de ces documents. Je sais aussi qu'il se dit que les plus intelligents d'entre nous, vite repérés à l'occasion de tests précoces de QI sont envoyés dans des centres spécialisés pour développer de nouvelles technologies et travailler pour le progrès de notre humanité. Personnellement, je n'en ai jamais rencontré. Ils disposent, parait-il, de conditions de vie privilégiées. Ce doit être normal, vue leur contribution au bien collectif.

Mais ce genre de réflexion ne doit pas me détourner de ma mission. Dans mon véhicule blindé, un Hawk 8.2 bardé d'équipements électroniques pour commander et suivre mes cohortes de robots, je constate que le sondeur numéro B4.5, un engin de dernière génération, présenté comme d'une rare performance, m'envoie une image. En agissant de la sorte il m'alerte sur une situation anormale.

Je me penche sur l'écran et j’observe des lattes de plancher partiellement soulevées ainsi qu'un objet qui se trouve en dessous. La définition n'étant pas satisfaisante, je ne parviens pas à déterminer l'origine du problème. L'autre information envoyée par mon robot précise la dimension de l'objet, sa nature en matière plastique et son contenu. À l’intérieur, se trouveraient diverses choses en cellulose.

Normalement, B4.5 n'aurait même pas dû m'avertir, il aurait dû entrer en communication directe avec un fouisseur-destructeur et faire son travail. Mais ce matin, parce que je suis un bon professionnel qui aime connaître et apprécier lui-même les limites de ses moyens, et bien que ce soit interdit par le règlement, j'avais décidé de modifier certains paramètres de plusieurs de ces nouveaux robots pour les tester.

L'image étant un peu floue à cause de la poussière ambiante, je décide de me déplacer pour analyser moi-même le problème et en tirer des conclusions sur les performances de ces robots. Je revêts donc ma combinaison et mon casque anti-poussière pour sortir de mon véhicule.

Après avoir parcouru une bonne centaine de mètres dans ce ramassis de ruines grisâtres et rayonnantes de chaleur, je rentre dans une petite maison en pierre, celle que m'indique mon robot.

Là, dans une grande pièce vide, j'aperçois B4.5, immobile avec une pince articulée pointée vers le sol. Il avait soulevé une partie de plancher poussiéreux. Clairement, il me désigne un vieil objet en plastique gris qui se trouve en dessous.

Je ne dis rien, car je pressens quelque chose. Presque machinalement, je coupe l'alimentation de B4.5 et j'efface les dernières minutes de sa mémoire. Sans me l'avouer, je comprends que je vais commettre une infraction sans doute irréparable, mais inconsciemment, je ne peux pas résister. Je dois savoir. À par moi, il n'y a personne à moins de cinq cent mètres et le premier contrôleur se trouve à plus d'un kilomètre.

Je me mets à genoux, puis je décolle d'autres lattes. Une fois mis au jour, je découvre que l'objet dont il s'agit est une vieille valise. Imperceptiblement, mon cœur se met à battre fort, de plus en plus fort. Au plus profond de moi, je sens que tout ceci n'a aucun sens. Pourtant, je ne peux plus reculer.

J'ouvre nerveusement la valise et découvre un carnet avec des livres anciens d'histoire et de géographie en papier. Étrangement, ceux qui sont sur le dessus sont écrits dans une langue assez proche du Titanien. D'autres le sont dans des langues que je ne comprends pas. Ce que je remarque vite, c'est qu'ils datent tous de la fin du vingt et unième siècle. Leurs dates d'édition sont assez proches. Seules quelques années les séparent.

Je les feuillette, les doigts tremblant. Pages après pages je constate que les images décrivant la vie de ces sociétés, leurs personnages illustres ainsi que les cartes, schémas et frises chronologiques, sont tous comparables. Une partie des rumeurs dénoncées par le pouvoir trouve son origine dans ces livres. L’ascension de Titan 1er, les guerres fratricides entre les Nations, tout y est. Je les parcours, vite, comme si je n'avais que quelques secondes pour les compulser avant qu'ils ne s’évanouissent. Puis, après avoir survolé ces ouvrages, je saisis le carnet et l’ouvre. Les pages sont couvertes de mots, écrits à la main. Mais ce que je ne comprends pas immédiatement, car ça ne peut pas être possible, c’est que la langue utilisée est le Titanien. Je lis vite en tournant les pages nerveusement. Une sorte d'ivresse s'empare alors de mon esprit. Sous mes yeux, l’histoire de Titan 1 est décrite en détail. Guerre, déportation, torture, contrôle des médias, la nature totalitaire de ce pouvoir y est exposée en détail et elle ne correspond pas à la version historique délivrée par nos dirigeants. Non. Elle corrobore presque parfaitement les rumeurs étouffées.

L’indicible explose dans mon esprit. Soudain, je sais. Je regarde autour de moi. Mon univers s'écroule. Tout est différent, stérile et monochrome. Mon corps se met à trembler. Je suis secoué par des spasmes incontrôlables. Un rire nerveux m'échappe, suivi d'autres, plus longs, comme des sanglots. Une envie de liberté m’étreint. Une colère dévastatrice m'envahit. La révolte gronde en moi. Je ne m’appartiens plus.

Les contrôleurs avaient raison. Lorsqu'il y une erreur, elle est forcément humaine. Ma vie n'était qu'un mirage. Je dois briser cette glace, maintenant.


16Mar

La flemme jouissive vue par Mélanie

La Sieste


Allongée sur mon lit

regard perdu par la fenêtre

esprit au repos de la sieste


Seules trois couleurs

pour peindre cette vue

dans le châssis en croisée


Du gris foncé

pour les branches nues

du vieux cerisier attendant reverdie


Du blanc immaculé

pour les nuages étirant leur coton

aux longs doigts du vent


Du bleu ciel

pour le fond de l'univers

qui se penche attentif vers moi

16Feb

évasion avec Mélanie Anaïette

Cy(si)gnes à suivre


Dans mon quartier il est un cygne

qui m’a conduit plume après plume

le long de mon temps de solitude


Dans mon âme il est une blancheur

qui me nettoie toutes les scories

d’une vie emmurée en prison


Dans mon cœur il est une joie

qui me remplit goutte à goutte

pour m’aider à guérir


J’ai suivi les empreintes du cygne

sur le pont enjambant la Creuse

pour continuer sur un chemin plus tranquille


J’ai vidé toutes les larmes de mon grand chagrin

dans cette rivière chatoyante au soleil

qui accueille chaque début d’août sur ses rives

une grande brocante à ciel ouvert

L’oiseau noble a signé de sa plus belle plume

mon autorisation de sortie au vrai monde

Il faisait si beau ce jour-là

et je l’ai serré très fort dans mes bras

05Jan

Poésie autour de la lecture et d'un grain de folie.



Lecture


Ouvre ton livre

Viens faire un voyage immobile


Pars sur le dos des licornes

Traverse le temps

Retrouve les joies de ton enfance


Lire pour souffrir

Lire pour maudire

Mire pour pouvoir en rire


Tourne les pages

Prends grand soin d’en oublier aucune


Vole assis dans les plumes d’un cygne

Sillonne les océans

Deviens l’homme que tu devrais être


Lire pour s’ouvrir

Lire pour découvrir

Lire pour s’enfuir

Lire pour ne plus revenir



Leçon de grammaire loufoque


Pour composer une phrase

digne de son nom commun

la recette est la suivante


Trouver un bon sujet d’expérience

bien dodu bien joufflu

présenté par un chouette prénom


Trinquer à son action

à l’aide d’un bon verbe

l’idéal serait au plus-que-parfait


L’accompagner d’adjectifs

complètement souhaités

à la lumière d’un style ampoulé


Poser le point et le stylo


04Dec

Rubrique poésie : Le Film de la vie


A la naissance c’est l’extase

le film de la vie commence

Je suis moi Je suis là Je m’aime car je suis fantastique

Je mange je bois je dors je suis aimé

Je joue je ris je suis consolé de mes peines

Un peu plus tard c’est la découverte

le film de la vie s’accélère

Je casse je tombe je pleure je me moque je fais le vilain

Après c’est l’école

ça me gave je préfère regarder la télé

Ensuite c’est la révolte

Je craque marre de ces parents me comprennent jamais

Puis c’est la nouvelle famille

le film de la vie freine un peu son allure

après les premiers émois des naissances

on s’installe boulot métro dodo pantoufles et télé

Quand est-ce qu’on mange Germaine ?

Qu’est-ce que c’est que ce chantier Maurice ?

Camping à Saint-Gugusse-les-Bains

Joyeux Noël entre la dinde et la bûche

Bonne Année entre l’apéro et le champagne

le film de la vie ralentit de plus en plus

Les enfants sont partis

On se retrouve mais les rêves mis de côté

ne sont plus tous encore réalisables

Le canapé est tout mou

On a changé la télé le frigo la cuisinière avant qu’ils explosent

On fait les travaux dans la maison qui en a bien besoin

Ce vase triangulaire vert fluo qu’on voit la nuit

celui de ta tante partie avec un groupe de hippies

dans un coccinelle à grosses fleurs me sort par les trous de nez

mais si on le bazardait il me manquerait

Enfin la maison est à peu près remise d’aplomb

le film de la vie arrive à sa fin

Il faut parler plus fort car l’autre entend mal

Tout s’éteint peu à peu

L’ampoule du salon a grillé

et nous on ne va plus tarder

01Nov

La rubrique de celles et ceux qui ont une âme de poète.

Si si ! C'est possible ! La preuve :


Le Saule pleureur

Par Mélanie Anaïette


Le saule pleure au dessus de la rivière

ses larmes ont pris racine dans le fond de sable

et forment de longues mêches


Les moules perlières s’en réjouissent

les corbicules asiatiques s’y cachent

les longues algues ondulantes au courant les abritent


Deux promeneuses en vélo se penchent à la rambarde du pont

qui enjambe l’écoulement de l’eau de plusieurs bonds

et s’étonnent du beau et lent travail de la nature


Une belle émotion passe en cet instant de repos

Le saule penche un peu plus son tronc au-dessus de la rivière

pour venir écouter leur discussion


Le vent passe soudain sans prévenir et vient ébouriffer tout le monde

le saule qu’il aime tant peigner de ses doigts invisibles

et les deux promeneuses qui partent en éclat de rire


Quelle aubaine qu’un arbre aime pousser au bord de l’eau

Mes fantômes

Mes fantômes

Tranche de mémoire haute pression. Quand mes fantômes ressurgissent, je redeviens le spectateur impuissant des scènes qui ont marqué ma vie.

Mes fantômes

Par Doug


J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie.

J’ai parcouru mon pays et ses terres éloignées. Je suis aussi allé sur des terres de désolation.

J’ai vu des paysages, magnifiques ou chaotiques, qu’une plume aurait bien du mal à décrire.

J’ai rencontré toutes sortes de personnes, de la plus extraordinaire à la plus abjecte, et abjecte me semble encore loin de la réalité.

J’ai vu la beauté et l’horreur, les deux étant parfois étroitement liés par la schizophrénie.

J’ai vu des actes qui forcent le respect, l’admiration, d’autres que je n’imaginais même pas qu’il soit possible de les accomplir tellement ils sont horribles.

J’ai côtoyé la souffrance, la peur et la mort, et je m’en rappelle encore. 

Oui. Je m’en rappelle encore, car elles ont gravé dans ma mémoire et mon coeur des images en relief indélébiles, des mines qui explosent parfois en pulvérisant mon quotidien. Et là, lorsque ces fantômes refond surface, je pleure car je suis désarmé face à l’horreur. En une fraction de seconde, je suis projeté dans un théâtre sans issues. La claustrophobie s’empare de moi. L’angoisse comprime mon coeur et mes poumons. Je ressens la pression de ces moments vécus, puissance dix. Des décors connus ressurgissent, des scènes macabres se reconstituent. Je revois des visages, des regards tétanisés par la peur et la souffrance. Je revois des corps d’hommes, de femmes ou d’enfants, démembrés, calcinés, violentés, rongés, putréfiés, autopsiés. J’entends des mots, des pleurs, des hurlements qu’aucune voix ne pourra atteindre et soulager. Prisonnier de mon petit théâtre macabre, je suis le jouet de mes fantômes, spectateur d’une souffrance et d’une horreur contre laquelle je ne peux rien faire. Ce sentiment d’impuissance et de solitude est terrible. Je n’ai nul part où aller. Il n’y a plus que moi et le spectacle morbide de ces tranches de vie excisées de ma mémoire au scalpel, sans anesthésie.

Alors, quand mes larmes ont suffisamment coulé, j’attends dans le silence. Mon regard cherche quelque chose où poser ses yeux et s’y accrocher pour s’ancrer dans la réalité. Quand j’ai réussi à amarrer mon esprit, je me redresse. Oui, c’est insignifiant en apparence, mais c’est ce que je fais. Poussé par l’instinct, je sors ensuite de chez moi et là, déambulant sans but dans les rues, j’observe les gens, les maisons, les voitures, les choses insignifiantes qui font le sel de l’existence. Je m’enivre de cette vie qui s’étale et grouille devant mes yeux. Très vite, une bouffée d’espoir et d’amour brut m’envahit. Alors, le coeur grisé de joie, je me jette à nouveau dans cette vie avec un formidable appétit de vivre.





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Connais-toi toi même, par Flavienne.

Connais-toi toi même, par Flavienne.



Connais-toi toi même


Un jour une amie m’a demandé : «si tu étais un élément, tu serais lequel?»


Spontanément j’ai répondu la terre. En y réfléchissant bien, je crois que je serai l’eau. Je me sens comme un ruisseau qui grandit au fur et à mesure que j’avance dans la vie. Je suis persuadée que, quand je serai vieille, je serai un fleuve puissant. Je m’enrichis de tout ce qui coule autour de moi et je suis mon cours. Il peut m’arriver de verser une larme, d’être de glace ou de bouillir en mon fort intérieur. Je crois que c’est pour ça que je suis aussi complémentaire avec Frédéric, ce feu ascendant terre. Je calme les irruptions volcaniques et je me love sur cette terre qui me soutient et me pousse à aller de l’avant.

J’arrête là les métaphores avant d’être trop ridicule. Mais finalement ce genre de question qu’on peut trouver très enfantine de prime abord nous oblige à prendre le temps de réfléchir sur soi. Mais, suis-je objective en pensant que je suis l’eau ? Frédéric me voit plutôt terre. Une pierre sur laquelle la famille se repose, une amoureuse de son terroir, de ses racines... C’est vrai que je me sens bien sur cet élément et j’aime m’y promener.

Alors je suis eau ? Je suis terre ? Je continue d’y réfléchir.


Et vous, si vous étiez un élément, lequel seriez-vous ?


Flavienne

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Quelles différences entre vous et moi ? Par Doug

Quelles différences entre vous et moi ? Par Doug

Quelles différences entre vous et moi ?

Sincèrement, je ne vois pas.
Vous et moi partageons 99,4% d'ADN commun. Reste 0,6 % pour faire la différence. Vous savez quoi ? Ces 0,6 %, vous pouvez les garder ! Je préfère garder ma conception du monde que la vôtre.
Et puis, quand on sait que vous partagez 40% de gènes en commun avec la pomme de terre, on comprend mieux pourquoi vous n'avez aucune chance de vous en tirer.

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Le pépé qu’on aimait tant. Par Doug

Le pépé qu’on aimait tant. Par Doug

Le pépé qu’on aimait tant

Ce matin, j’allais voir André Durieux, mon voisin, pour qu’il me donne quelques légumes de son potager.
La veille, alors que je nettoyais ma terrasse, je l’avais aperçu dans son jardin. À la faveur de la soirée qui baignait l’atmosphère de sa douce fraîcheur, il arrosait sa petite parcelle entretenue tel un jardin japonais. Debout, de part et d’autre de la clôture qui bordait sa propriété, nous avions ensuite passé un bon moment ensemble à parler des soupes d’antan. Pendant cette parenthèse hors du temps, à travers nos souvenirs respectifs, nos anciens ont été ressuscités pour notre plus grand plaisir. Comme à l’accoutumée, avec son regard malicieux, il m’avait promis un panier de légumes frais pour le lendemain matin. Nous nous étions quittés, presque à regrets, après avoir savouré un intense moment de complicité.
André était centenaire. Moi, j’avais quarante et un ans. La différence d’âge avait créé une proximité, un lien presque filial entre nous. Dans notre bourg, tout le monde aimait ce petit homme doux et paisible. André, c’était le pépé, notre pépé à tous, l’ancien respecté qui déambulait avec sa canne dans les rues du village, le dos voûté. Sa gentillesse faisait l’unanimité. Au gré de sa tournée, avec ses points de pause habituels, les habitants le saluaient, échangeaient un mot affectueux ou une petite blague avec lui. Très régulièrement, il remplissait aussi ses poches de bonbons achetés à la boulangerie, sur la place des halles, près de l’hôtel de ville. Il les distribuait ensuite aux enfants à la sortie de l’école primaire. Les parents le remerciaient. Lui, se contentait des sourires éclatants d’une jeunesse débordante d’ardeur. Il s’enivrait de cette énergie vitale qui lui échappait un peu plus chaque jour. Sous sa casquette grise à chevrons on devinait, derrière ses yeux encore bleus, une forme de gentillesse infinie. Le pépé, quand il vous regardait, c’était comme s’il vous enveloppait d’un manteau de bienveillance, une armure chaude et protectrice. Il y a peu de gens qui inspirent naturellement confiance. André était de ceux-là. J’aurais aimé avoir un grand père comme lui. On pouvait presque affirmer qu’il était un élément essentiel et incontournable pour la vie du bourg. Il se levait et se couchait à la même heure, au doux son du claquement de ses volets sur ses murs crépis recouverts de lierre. Ses promenades rythmaient l’activité des habitants comme un métronome. Nos vies et la sienne étaient étroitement synchronisées.
Vers dix heures, j’ai donc quitté mon domicile pour aller retrouver mon ancien. À ce moment de la journée, il y avait bien longtemps qu’il avait pris son petit-déjeuner et je ne risquais pas de le déranger. Logiquement, il écoutait les informations sur sa vieille radio à piles dans son salon.
Quand je me suis présenté devant l’entrée de sa maisonnette, avant même de frapper, un détail inhabituel a aussitôt attiré mon attention. Ses volets étaient fermés. Il avait dû oublier de les ouvrir, sans doute pour conserver un peu de fraîcheur dans sa maison. D’un naturel actif, il devait certainement travailler dans son jardin. Je suis donc retourné chez moi pour jeter un coup d’oeil dans son potager. Il n’était pas là. Ses volets et sa porte étaient fermés. Pressentant le pire, j’enjambais la clôture et d’un pas nerveux me précipitais vers sa porte. Malgré des coups répétés suivis d’appels à la voix, André ne répondait pas et ses volets demeuraient clos. Oppressé par une sensation d’urgence et d’inéluctable, j’ai appelé les pompiers et je suis retourné dans la rue, pour les accueillir devant chez lui.
Lorsqu’ils sont arrivés, après quelques explications d’usage, ils ont forcé la porte et sont entrés. Je retenais mon souffle. L’espoir et la peur s’entremêlaient dans mon esprit. Je me suis approché de l’ouverture, espérant déceler un indice et mettre fin à cette attente interminable. Un des pompiers est alors sorti. Mon coeur battait à tout rompre. Il a vu mon regard interrogatif et perdu. Sa phrase a incisé mon coeur comme un coup de scalpel.
- Vous êtes de la famille ?
À son ton et son attitude, j’ai tout de suite compris. Les larmes me montaient aux yeux. J’ai cherché à me montrer digne. Ma voix, mal assurée, sonnait mal.
- Non, mais c’est tout comme ! Je suis son voisin.
Mes poumons, écrasés par un étau d’angoisse semblaient bloqués et le temps, figé. Je n’osais pas poser la question, par peur d’entendre la réponse que je redoutais. Par lâcheté, j’ai ébauché un simple début de phrase au présent, comptant sur l’intelligence du pompier pour formuler adroitement la vérité.
- André… Il est… ?
- Je suis désolé monsieur ! On n’a rien pu faire.
Bien que je m’attendais au pire, le verdict est tombé comme un couperet. Mon comportement a dû interpeller le pompier car il s’est enquis de mon état de santé.
- Ça va monsieur ?
Sous le choc, j’ai mis du temps pour lui répondre.
- Oui. Ça va.
Je suis resté là, anéanti, pendant qu’il vaquait à ses occupations. Comme un automate, j’ai observé les événements se dérouler devant moi. La vie s’écoulait, mais j’étais à côté.
Quelques minutes après, un médecin est venu constater son décès en présence des gendarmes de la brigade, puis son corps a été évacué. Juste avant qu’il ne le dépose dans leur véhicule, j’ai vu le visage d’André. Il avait le teint livide et les traits encore déformés par la douleur. Les gendarmes m’ont expliqué les circonstances de son décès. Le vieil homme avait glissé dans sa baignoire. Sa salle de bains n’était pas adaptée pour une personne âgée. En tombant, il s’était fait une double fracture ouverte tibia péroné. N’ayant rien pour se relever, il était décédé d’une hémorragie. C’était une certitude, le pauvre vieux avait souffert le martyr avant de mourir.
Ça n’aurait jamais dû arriver. Notre société ne devrait pas permettre un tel drame. Quant à Dieu, s’il existe, il n’était pas là cette nuit pour soulager la terrible et injuste souffrance de cet homme. En entendant l’exposé de ses derniers instants, submergé par l’émotion et la colère, j’en ai voulu à la terre entière et surtout à ses enfants. Des enfants qui ne venaient jamais le voir, ni se renseigner sur ses conditions de vie. S’ils avaient pris un minimum de mesures, leur père ne serait sans doute pas mort dans des conditions aussi atroces. J’ai regardé le véhicule rouge s’éloigner avec le corps du pépé. J’avais le coeur déchiré. J’évoluais dans un univers où la mort pouvait frapper sans discernement les meilleurs d’entre nous. Les hommes me sont apparus définitivement seuls et livrés à eux-mêmes dans ce monde impitoyable. Était-ce une erreur du créateur, ou bien alors cet être éminemment supérieur, se jouait-il de nous en appréciant ces petits instants de jouissance diabolique ? Au fil des heures, la peine a chassé la colère. La fatigue a nivelé le tout, ne laissant que peu de place pour une réflexion objective.
À ma grande surprise, les obsèques ont été très vite organisées. Trois jours après, par une belle matinée ensoleillée de juin, je me retrouvais au cimetière communal.
Perché au sommet d’un dôme bleu et pur, le soleil irradiait intensément la surface, transformant les lieux en une espèce de four. C’était une journée magnifique, une de celles que notre pépé aurait affectionnée. Regroupés dans cet enfer minéral, une bonne partie des habitants de la commune était venue lui dire un dernier au revoir. Notre ami nous quittait. Pour ces derniers instants, il était entouré de ceux qui comptaient le plus à ses yeux, les habitants du village qu’il considérait comme sa famille de substitution. Sa vraie famille, elle, brillait par son absence. Au village, personne n’était surpris. Le pépé nous avait prévenu : « Vous verrez ! Ils n’attendent qu’une chose, mon fric et la vente de ma maison. »
Nous étions tous outrés par le comportement cupide de ses enfants qui, aux dires de certains, avaient mauvaise réputation. Son insignifiante progéniture l’avait abandonné. Il était mort chez lui, tout seul, comme un chien. Leur indignité éclatait publiquement.
Pendant le discours du prêtre, mon regard se posait sur le cercueil du pépé et les fleurs déposées en grand nombre juste à côté, puis sur l’excavation bordée par la terre meuble. Un sentiment d’effroi m’envahissait. C’était donc ça, cet endroit qui faisait de nous des frères égaux. Les yeux exorbités par la vision de ce trou béant prêt à phagocyter toute forme de vie, je contemplais avec dégoût cette porte donnant sur le néant. Dans son étroit cercueil, André serait bientôt recouvert de terre et plongé dans les ténèbres pour l’éternité. Une vague de claustrophobie s’emparait de moi.
J’entendais les soupirs, et les sanglots monter vers le ciel. Une voûte céleste qui, comme le disait le prêtre, ne manquerait pas d’accueillir à bras ouvert le pépé. Pour masquer ma détresse, mais aussi par curiosité, j’ai observé les gens présents autour de la sépulture. Parmi eux, certains n’avait presque jamais adressé la parole au vieillard. Quel ramassis d’hypocrites, pensais-je en les dévisageant un par un. Ils ne savaient pas qui il était vraiment, un homme bon et sincère. Ils étaient là, non pas pour le repos de son âme, mais pour réciter une prière à leur intention, car leur égoïsme leur crevait les yeux en cet instant. À travers sa générosité et son comportement quotidien dans le village, André nous avait offert un miroir pour réfléchir sur nos propres vies. Et pour une majorité d’entre nous, le reflet était peu glorieux. En participant à chaudes larmes à cette cérémonie, les pénitents cherchaient à se rassurer, à se trouver des excuses pour minimiser leur responsabilité et se convaincre qu’une rédemption était possible. C’est ça la force du néant. Quand on est en face, le bilan tombe et notre solitude paraît insupportable.
Le prêtre a béni le cercueil. J’écoutais ses derniers mots lorsque j’aperçus une femme qui se tenait en retrait, debout et immobile derrière un tombeau de grande taille, deux allées plus loin. Élégante, portant un tailleur clair, elle dénotait avec nous tous, tristes sires alignés comme une compagnie de corbeaux larmoyants. Elle observait la cérémonie en silence et avec attention.
Lorsque le cercueil a été mis en terre, après avoir jeté une dernière fleur, mes concitoyens se sont dirigés vers la sortie du cimetière, la tête basse, meurtris par la disparition de notre pépé. J’ai mis du temps à quitter sa tombe, à lui dire au revoir. Quand j’ai vu que les autres avaient quitté les lieux et montaient dans leurs voitures, je me suis décidé à le laisser. D’un pas machinal, j’ai emprunté les allées pour quitter cet endroit monochrome, plein de souvenirs et de douleur.
En proie à une soudaine montée de larmes, je me suis arrêté près du grand portail en fer forgé, pour respirer fort et reprendre mes esprits. Derrière moi, d’un pas leste et décidé, une personne approchait. Je me suis retourné. La femme entrevue auparavant venait dans ma direction. Elle devait avoir une quarantaine d’années. Elle était assez belle, mais son visage portait des signes prématurés de vieillissement. J’ai pris une bonne bouffée d’air frais pour me contenir et faire bonne figure.
J’avais les yeux rougis par l’émotion. J’ai cherché une phrase pour entamer la conversation, trouver des mots justes sans trop en faire. L’heure était au recueillement et à la compassion. Les cimetières sont un des rares lieux où, de façon fugace, on peut ressentir une espèce de fraternité avec les vivants que l’on y croise. La peur du néant doit être fédératrice.
- C’est bien triste de finir comme ça. Lui ai-je dit pour engager le dialogue.
Elle a ralenti, mais ne s’est pas arrêtée, préférant garder le silence. Je lui ai emboîté le pas pour l’accompagner vers la sortie du cimetière. Il y a des moments ou la pudeur réprime toute forme d’expression. J’ai voulu faire preuve de bienveillance, être compatissant face à la douleur silencieuse de cette femme. Doucement, je lui ai demandé :
- André, vous le connaissiez ? J’étais son voisin.
Elle s’est alors arrêtée et tournée vers moi. Impassible, elle m’a répondu.
- Oui. Je le connaissais, et même très bien !
La curiosité étant un de mes défauts, je n’ai pas pu m’empêcher de lui poser la question qui me démangeait :
- Et vous êtes madame ?
- Durieux ! Comme lui. Je suis une de ses petites filles.
J’étais abasourdi. Les questions affluaient dans mon cerveau embrumé par le deuil. Je n’arrivais pas à comprendre son attitude distante en pareil moment. Me sentant un peu ridicule dans cette circonstance, j’ai grommelé quelques mots en baissant les yeux. Il ne peut pas y avoir de compétition entre souffrances, juste du respect.
- P.... pardonnez-moi ! Mes sincères condoléances madame !
Sa réponse fut tranchante.
- Vous n’avez pas à vous excuser. C’était un salaud !
Ces mots, très durs à l’égard du défunt, m’ont immédiatement sorti de mon état d’abattement. J’étais transporté dans un autre univers, un monde inconnu où les règles m’échappaient. Face à la violence d’un tel propos, inaudible et incompréhensible pour moi, j’ai eu une réaction évidente de stupéfaction.
- Pardon ?
Elle ne parut pas surprise par ma question. C’est avec un aplomb naturel, dénué de colère, qu’elle continua de sa voix posée.
- Il nous a toutes violées, mes trois soeurs et moi, pendant des années. La plus jeune s’est suicidée à l’adolescence. Elle ne supportait plus le supplice écrasant qui rongeait sa vie. La justice des hommes est passée. Il a été condamné. Vingt deux années de prison pour quatre vies brisées dont l’une s’est éteinte dans le silence de ses indicibles tourments. Vous ne le saviez pas ?
Trop ! Ça faisait trop à assimiler. J’étais sonné par cette révélation. Son histoire dépassait toutes les peines. Elle était au-delà de la douleur et de la colère. Elle a enchainé.
- Je sais que, sa peine purgée, il a très bien vécu par la suite, ici, parmi vous, et ceci, sans aucun remords. Il n’en a pas été de même pour nous, ses petites filles, ainsi que toute sa famille. Cette ordure nous a détruites et nous porterons son héritage jusqu’à notre dernier souffle !
Une avalanche d’horreur déferlait sur moi. La pitié et l’empathie étaient absentes de son registre émotionnel. J’ai cherché à reprendre pied, mais mon état ne semblait pas trop la préoccuper.
- Ce fumier ne nuira plus ! C’est aujourd’hui une certitude. J’espère que l’enfer existe pour qu’il y croupisse. Croyez-moi, l’éternité ne suffira pas pour racheter ses fautes. Sa souffrance ne sera rien à côté de la nôtre. Au revoir monsieur, et séchez vos larmes. Vous perdez votre temps !
Le regard sec, les traits figés, cette femme austère à l’allure de fantôme est sortie du cimetière en me laissant seul. En une fraction de seconde ma peine venait de changer de dimension. Mon deuil, déjà lourd, s’accompagnait d’un sentiment de profonde trahison. Un vide sidéral m’envahissait, pulvérisant toute notion de confiance et d’espoir.
Je me suis alors retourné pour regarder les tombes alignées à perte de vue. Mes yeux ont balayé le champs constellé de pierres en marbre et granit, élevées à la mémoire de nos amis et parents, nos chers disparus. Une colère sourde s’est emparée de moi et je me suis interrogé. Combien, sous ces sépultures, s’étaient comportés comme d’immondes salauds pendant leur vie ? Le droit à l’oubli, quand on a purgé sa peine, même pour des faits abjects, donne t-il droit au pardon ? Je me suis ensuite projeté dans le courant d’une journée ordinaire. Je me voyais, déambulant dans mon petit bourg, croisant les habitants de la commune, mes voisins, des amis pour la plupart. Combien parmi eux se cachaient derrière le mensonge et la dissimulation ? j’ai ressenti un profond malaise, suffisamment fort pour me clouer sur place. Le doute me tenaillait. Faire confiance…oui, mais il faut toujours garder à l’esprit que la nature humaine est capable du pire.

Doug

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Rien ne va plus entre Roméo et ses maîtres !

Rien ne va plus entre Roméo et ses maîtres !

Des maîtres à bout de nerfs cherchent désespérément une solution pour ne plus subir la tyrannie de leur chien Roméo.

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Interview exclusive du professeur Pingustor Jikroi

Interview exclusive du professeur Pingustor Jikroi

De retour de Fukushima, quelques années après la catastrophe nucléaire qui a dévasté une partie du Japon, l’éminent pingouin océanographe, le professeur Pingustor Jikroi, a accordé un entretien exclusif à notre journal, le Radon cosmique. Un article posthume de Rachid Molotov, journaliste ornithorynque pour notre rédaction. Rachid Molotov, disparu peu de temps après cette interview, nous a laissé un enregistrement de ces échanges historiques qui nous retranscrivons dans nos colonnes.

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Pour celles et ceux qui ont de la suite dans les idées....


Quand ne meurt le passé – 4ème partie

par Mélanie Anaïette


La petite fille se retourne dans ce lit beaucoup trop grand pour elle. Elle a mis du temps à s'endormir et son sommeil est agité.

Toujours ce méli-mélo de fils électriques colorés enchevêtrés qui s'agitent et grésillent autour d'elle. Son cœur bat fort à la lumière de cette vie métallique. Il lui faudrait prendre le pouvoir de s'échapper, mais le lit semble s'agrandir démesurément autour d'elle au long de l'angoisse croissante.

Dans cet étau de câbles qui l'englobent sans la toucher, à quoi penser à rien d'autre qu'à se dire si je ferme les yeux, ça va s'arrêter?

Mais au lieu de cela, le mauvais rêve reviendra plusieurs fois la prévenir sans aucun doute d'un souvenir futur, mais lequel ?

*

Charlotte pleure devant son feuilleton quand l'émotion du moment est à son comble.

Et Dablinette de s'écrier: «Qu'est-ce que t'en as encore à foutre, tu les connais même pas?!»

Et Angeline de répondre: «Peut-être, soit, nonobstant ce sont tout de même des êtres sensibles à qui il arrive un grand malheur et tu sais combien Charlotte a de l'empathie pour son prochain!»

Charlotte est la mise en application pratique de l'étude de l'hypersensibilité. Elle n'a pas honte de ressentir ses sensations ou sentiments avec toute la palette des nuances possibles.

Un hachis parmentier de canard peut, s'il est fondant à souhait, la plonger en extase alimentaire. Elle est capable de pousser un véritable beuglement de joie quand elle ouvre son paquet à Noël s'il est celui qu'elle attendait avec ferveur sans en avoir parlé à personne.

Elle a toute une panoplie de bruits à sa disposition pour correspondre à la multitude de ses états d'âme et des événements qui lui arrivent.

Elle est ainsi, bizarre, étrange, déjantée, un côté rebelle à la marche uniforme des moutons de Panurge. Lorsque tout le monde va au même endroit au même moment, elle bifurque et change de trottoir pour retourner dans sa forêt primaire. Sauvageonne, aimant la solitude et le silence, elle met en déroute l'entendement du commun des mortels. Elle sort du lot et pense que c'est ainsi qu'est sa chance à elle.


J'vais marcher très longtemps

Et je m'en vais trouver les poings qui redessinent

J'vais chercher éhontément

les coups portés sur moi, la violence facile


J'vais marcher tout le temps

;Et je m'en vais forcer les regards agressifs

J'vais toujours au devant

Il me tarde de trouver la violence facile

Après son feuilleton, Charlotte a allumé la radio et écoute pour la première fois cette chanson, La marcheuse de Christine and The Queens. Elle trouve les paroles profondes, qui ont une étrange résonance en elle.

C'est le tout début de l'après-midi. Elle se prépare pour sortir et vérifie que sa lettre est rangée dans son sac à main.

C'est aujourd'hui le grand jour de l'étrange rendez-vous au commissariat des Tuilières. Elle a préparé son trajet depuis Désertines où elle vit. Elle a calculé son temps de trajet et est partie suffisamment tôt pour ne se surajouter aucun stress.

Elle a déjà assez de questions sans réponse sur les raisons de cette lettre. Ses pensées se serrent nombreuses et à l'étroit autour d'elle dans sa petite voiture.

Que va-t-il se passer?

Que va-t-il m'arriver?

Qui vais-je rencontrer?

Est-ce la chance que j'ai décidé d'attendre?

Vais-je être à la hauteur?

Saurai-je me présenter sans crainte?

Pourquoi ces gens-là m'écrivent?

Comment ont-ils eu vent de mon existence?

Comment m'ont-ils trouvée?

Pourquoi ont-ils besoin de me rencontrer?

Que vont-ils me demander?

Vont-ils passer mon sac à main dans une machine qui voit à travers les objets et découvrir le trèfle à 4 feuilles placé dans le porte-monnaie en cuir vert de maman?





Quand ne meurt le passé – 3ème partie

par Mélanie Anaïette

*


Un chat aussi miteux qu'on peut imaginer un tapis n'ayant jamais rencontré ni balai ni lumière chemine vers la chatière découpée par celui qui recueille les animaux perdus. Mais cette nuit il ne rentre pas chez celui qui le nourrit.

Quelque chose l'intrigue, il aperçoit des pieds et des jambes flageolantes et sa curiosité le pousse à suivre ce curieux spécimen de la race humaine. 

Soudain, clac, une porte se referme derrière lui. Il est dans le noir complet et a perdu ses repères. Alors il écoute et ce qu'il entend lui donne la chair de poule si cela était possible. De longs raclements de gorge dignes d'un géant malade d'une bronchite.

Puis, un liquide qui coule, d'autres bruits semblant se rapprocher d'une expression de joie puis un sifflotement.

Encore des pas qui traînent et un corps qui se déplace lourdement. Des glissements de tissus puis des ressorts qui grincent. De nouveau plus rien. Le chat maîtrise maintenant ses lanternes naturelles. Il se sait dans le hall d'une maison humaine, au bas d'un escalier.

Pour s'occuper, il se lèche une patte puis la passe derrière une oreille. La toilette doit s'interrompre.

Sans prévenir, des ronflements monstrueux se mettent à faire trembler la porte derrière lui.

Le trouillomètre à zéro et la curiosité passée, il se glisse dans un coin de la porte délabrée par les ans et s'enfuit à toutes pattes.


*


Charlotte se donna donc, elle l'avait décidé avec toute son âme et conscience, une période sabbatique pour tenter de voir arriver à elle la chance de ne pas avoir la même vie embourgeoisée des femmes de sa famille pleinement occupées à de parfaites inutilités à ses yeux.

Les heures studieuses de solitude de ses années universitaires l'avaient conduite, sans qu'elle s'en rende compte tant elle était en dehors de la réalité temporelle, vers l'obtention d'une maîtrise de littérature fantastique et c'est là qu'elle avait eu le déclic en comprenant ce pour quoi elle devait exister: être utile à ceux qui pleurent, qui souffrent dans leur esprit, leur cœur et leur corps. Admirative des pompiers, elle ne le serait jamais. Finalement, c'était peut-être mieux ainsi, mais elle resterait quand même en accord avec ses aspirations profondes.


Plusieurs mois après sa décision de pause d'ordre professionnel, Charlotte reçut une lettre dont l'enveloppe administrative estampillée «ministère de l'Intérieur» l'inquiéta fortement.

Qu'avait-elle donc fait pour que ces gens-là lui écrivent? Elle était si prudente en voiture qu'elle avait du mal à croire à un retrait de permis! Ses parents payaient sans discuter leurs impôts, bien que d'un montant considérable. Elle ne voyait vraiment pas ce qui pouvait bien clocher dans sa vie paisible et sans histoire. Au bout d'une demi-heure à réfléchir en regardant l'enveloppe posée sur la table en formica vintage de la cuisine, elle prit son courage à deux mains et l'ouvrit.

Le timbre de la lettre était celui du commissariat des Tuilières à Limoges, dans le département de la Haute-Vienne. Elle lut très attentivement chaque mot de cette lettre intrigante qui lui donnait rendez-vous le 19 mars prochain. Sans trop bien comprendre les raisons de cette missive, elle sentait que ce jour serait important.


*


Quand ne meurt le passé – 2ème partie

par Mélanie Anaïette


*


Charlotte de Besson est une jeune femme de souche noble.


Son grand rêve de vie à elle était de devenir sapeur pompier. Elle s'était opposée aux aspirations grandioses de sa famille concernant son avenir pour aller passer tous les tests. Mais sans compter qu'elle ne faisait pas d'éclats durant les épreuves sportives, elle avait été convoquée à la fin des tests psychologiques, qui, de mémoire du tout premier homme ayant exercé le métier de pompier, défiaient l'entendement.

Les résultats démontraient une imagination et une hypersensibilité toutes deux si importantes qu'elles n'étaient absolument pas compatibles avec l'exercice de sauver des vies au milieu des flammes. C'est pas le tout de considérer la petite ligne rouge sur fond bleu marine comme un symbole rassurant en pleine crise de panique, permettant de se concentrer sur un élément du décor pour faire revenir sa respiration et son cœur à un rythme normal.

Charlotte avait également, éducation obligée, des principes de vie qui la rendaient un peu trop guindée. Cela engendrerait nécessairement des difficultés, voire une incapacité à s'intégrer dans une communauté fortement masculine pouvant la rudoyer dans le feu de l'action, même sans arrière-pensée.

Durant ce dernier entretien avec un vieux capitaine proche de la retraite, celui-ci voulut pousser plus avant les résultats des tests rendus par Charlotte pour tenter de comprendre cette étrange fille. Il souhaitait connaître ses motivations profondes. Elle se confia à lui avec une sincérité évidente qu'il apprécia. Quand il l'interrogea sur ses loisirs, elle lui répondit:

«Moi, ce que j'aime plus que tout, c'est étudier l'humain dans tout son ensemble, depuis le moment de sa conception jusqu'à celui de son dernier souffle. Et après …."

«Et après quoi?» coupa le capitaine.

Elle continua;: «Et après;? Pourquoi pas;? Que se passe-t-il après quand le corps n'existe plus, est-on vraiment sûr qu'il ne se passe plus rien? J'ai beaucoup lu durant mes années universitaires sur les sciences de l'homme, y compris sur des sujets un peu déroutants comme les expériences de mort imminente, et je continue car c'est réellement passionnant. Il se passe encore des choses après, j'en suis certaine, monsieur le capitaine, l'esprit continue à exister d'une autre manière.»

Quand elle quitta la pièce, le verdict tombé avec tout le ménagement du à son innocence sur le fait qu'elle ne serait jamais et en aucune façon possible pompier, le capitaine referma la porte de son bureau sur la silhouette de poupée et se cala dans son fauteuil pour passer un appel téléphonique.


*


Charlotte retourna dans son foyer de jeunes travailleurs l'esprit bien triste. Qu'allait-elle faire maintenant après avoir réussi à convaincre sa mère épleurée que vivre dans le vrai monde lui était nécessaire? Comment annoncer cet échec à ses parents qui voulaient la voir épouser pas moins qu'un recteur d'académie pour continuer sa vie de rentière paisible?

L'expression moqueuse «pauvre petite fille riche!» s'imposait à elle.

Elle avait cru au visage masqué du gourou des sombritudes et sa vie sentimentale était désormais tel le désert de Gobi.

Elle venait de se faire mettre à la porte, certes gentiment et avec les formes, mais quand même c'était le cas, de son rêve de métier pour lequel elle avait eu des mots regrettés avec ses parents et un gros mensonge sur son identité pour que son dossier passe à la commission d'examen d'entrée dans ce foyer de jeunes travailleurs.

Alors, maintenant, que faire? Sa mère lui adressait une pension fixée par un juge (son père y avait tenu) pour régler tous ses frais de vie mensuels comme son loyer et sa nourriture, mais cela ne changeait rien à l'affaire du vide de son existence inoccupée.

Elle ne pouvait pas se contenter comme toutes les femmes de sa famille avant elle (que son père surnommait les sculpteuses de fumée pour se moquer de leurs centres d'intérêt) de se tenir sur le siège arrière de la voiture et de donner des ordres à son mari au volant en le considérant tel le chauffeur attitré et dévoué l'emmenant faire ses emplettes.

Charlotte voulait avoir la satisfaction quotidienne d'être utile à cet être humain en souffrance.

Elle comprenant assez mal pourquoi autant de gens lui claquaient à la figure, comme une porte qu'on pousse trop fort, qu'elle était bizarre et décalée au milieu de ses congénères.

Elle n'avait jamais mis les pieds dans une colonie de vacances ou une boite de nuit. Et alors? La belle affaire! Au début de ce siècle, loupait-on sa vie si ce genre de futilités ne nous arrivaient jamais?

Oui, oui, oui et re-oui! Charlotte de Besson assumait et même revendiquait ses différences.

Ses grands-parents lui avaient transmis de belles valeurs de vie dont elle était fière. Sa famille n'avait pas toujours les pieds sur terre et elle-même était souvent dans la lune.

Sa maîtrise de lettres en poche, elle voulait s'installer dans cette société sans cadeaux et décida donc de donner une chance au hasard, pour que son destin vienne enfin à elle.



Quand ne meurt le passé - 1ère partie

Par Mélanie Anaïette


Il est encore là. Il est encore revenu.

Au paroxysme de l'angoisse, je décide de ne plus vivre l'image récurrente de la souffrance chevillée à mon âme. Il ne doit plus se pointer sans prévenir à n'importe quelle heure. Il doit déguerpir pour toujours et à tout jamais au fond du néant.

Il est là, oppressant, silhouette fantomatique grise qui refait toujours ses mêmes gestes pour me tenir sous son joug. Je me suis encore réveillée au même moment de ce songe terrifiant, quand il jubile de me voir plier sous sa puissance tyrannique. Je sus à grosses gouttes.

Il doit s'en aller et ne plus jamais me tourmenter jusqu'aux tréfonds de mon inconscient. Je ressens sa présence et mon intolérable terreur de lui.

Mais à présent, ça suffit. Je suis devant les portes de la folie à moins que ce ne fussent celles de la démence. Il est hors de question qu'elles s'entrouvrent et qu'elles m'aspirent à elles. J'ai tout enduré pour lui pour rien. Tout cela doit cesser, une bonne fois pour toutes. 

J'appelle à l'aide mentalement comme d'habitude depuis toutes ces années mais je suis seule comme toujours dans mon éloignement emmuré à triple tour. J'ai lu il y a peu de temps que la manière la plus efficace de chasser un cauchemar est de l'affronter. J'y avais réfléchi à mes rares moments de calme pour bâtir un plan de mise en action.

Alors, sachant que le secours ne viendra que de moi seule, je trouve tout d'un coup le courage (c'était bien lui qui m'avait déshabité depuis trop longtemps) et ressens que je dois agir très vite pour pouvoir le surprendre.

Je me redresse et m'assois dans mon lit. Il fait nuit noire mais pour une fois mes craintes ne viennent pas de là. Je me plante bien droite face à lui, ancrée sur mon assise et le tronc en avant.

Je le regarde en face une dernière fois dans les yeux, ses yeux perfides et haineux comme toujours à mon égard et lui hurle au visage envahi par les rides d'une vie œuvrant au chagrin des autres :

« Dégage, dégage, dégage !!!!! ».

En une fraction de seconde, mon cri de haine s'élance dans la pièce. Stoppée dans son élan d'emprise, sa silhouette grise se désagrège et disparaît.

La nuit reprend son voile sur toute chose. Tout est silence, il n'est plus que ma respiration qui s'apaise. Je parviens à me rendormir en restant sur mes gardes.


Le lendemain soir et tous les soirs d'après cette nuit ardoise, je constate avec une certaine fierté qu'il ne revient pas, qu'il ne reviendra plus.

Je suis sortie définitivement de ma geôle psychologique. Il était grand temps.





Opposition 1 par Doug



Le 20 avril 2068 à 06 h 01


Aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours dit la vérité, ce que je pense. C'est une question de dignité. Ce principe, bien qu'il m'en coûte, je l'applique encore aujourd'hui, mais après bien des péripéties, je me rends compte que la vérité est un concept à double facette.

Vrai, quand je me regarde dans mon miroir, je n'ai rien à me reprocher. Aucun regret ne vient troubler ma conscience. 

Faux, quand j'observe mon reflet, je vois les dégâts de cette notion et j'en pèse le poids écrasant chaque jour, chaque seconde.

Le silence et l'ombre, atmosphère étouffée, presque suffocante, compose la toile de fond de mon univers quotidien.

Ma solitude est quasi totale. Ma famille m'a renié. Mes amis ne me connaissent plus. Quant au reste du genre humain; mis à part quelques inconscients comme moi, il est libre et esclave à la fois. Vivre à tout prix, quel qu’en soit le coût, fermer les yeux sur l'évidence et se trouver mille bonnes raisons pour justifier ses choix, c'est supportable et pas si mal que ça. L'instinct de survie peut être bien plus fort que la raison et légitimer des comportements inacceptables. La conscience s’accommode aisément de ces petits écarts. C’est ce que la majorité a choisi.

Pour ma part, je n'ai plus confiance en personne. Ma haine du système est totale.

Je me suis élevé contre des projets de lois constitutionnelles prévoyant les nouveaux devoirs de l'État en matière d'éducation des mineurs ainsi que certaines modifications corrélatives des codes existants. Une réforme profonde, destinée à agir sur tout le corps social, sans exception.

Ces textes, tout récemment adoptés par l'assemblée constituante, affirment la primauté de l'état sur l'autorité parentale en instaurant notamment une forme de tutelle immédiate dès la naissance. Je sais que d'autres projets sont en gestation, la création de centres d'éducation fermés, le développement de filières et de politiques de recrutement basées exclusivement sur les capacités intellectuelles des personnes, un renforcement des pouvoirs de police et bien d'autres choses encore.

J'ai manifesté publiquement, rédigé des pétitions, créé un parti vite dissous. J'ai pris, avec un petit groupe de militants, une radio d'assaut pour diffuser un message sur les ondes, appelant au réveil de la population.

J'ai été condamné à plusieurs reprises, après avoir subi des interrogatoires musclés, mais cette fois, avec la dernière loi voté sur la récidive, les choses se sont sérieusement dégradées.

Une espèce de prédestination insidieuse se met en place, dès le premier jour d’existence, un étaux, piloté au plus haut niveau, se resserre lentement sur chaque nouveau-né. Je ne peux pas l'accepter. C'est au-dessus de mes forces. Mon combat est légitime et j'irai jusqu'au bout. Le symbole finira bien par marquer l'histoire et un jour, on me rétablira dans mes droits, ma dignité.

Je lève la tête vers la petite lucarne carrée, découpée très haut dans le mur. Une lumière rougeoyante rase le plafond. Le feu du soleil joue avec les nuages et scintille comme une braise. L'aube est là. Celle-ci est magnifique, la plus belle de toute.

Un bruit métallique perturbe ma réflexion. Un léger courant d'air, sentant l'humidité et le moisi, amène un peu de fraîcheur dans l'air vicié et puant que je respire à longueur de journée. La porte claque en touchant le mur. Une vibration parcourt les parois et se répand en résonnant dans mon espace impersonnel.

Ce genre d'entrée théâtrale, ça ne peut être que lui, le meilleur gardien de mes jours et de mes nuits, Fulbert. Une victime comme tant d'autres, mais il a été tellement bien formé, qu'il excelle dans sa fonction en y ajoutant un zeste de cruauté. Fulbert. Un homme à l'image de cette société. Dois-je lui en vouloir?

Il apparaît dans l'encadrement de la porte, l'air toujours aussi sûr de lui, les lèvres fines et pincées par ce sourire inimitable. Ce type, c'est la suffisance incarnée, générée par l'ignorance et amplifiée par une dose de bêtise anormalement élevée. Le tout, modelé dans les meilleures écoles de formation de l'administration. En gros, la connerie exploitée et placée aux commandes de votre vie.

«Salut HoDeP! Toujours sur la même ligne? Y’a pas d'regrets?» Me demande t-il avec sa voix aigre.

HoDeP, un acronyme moqueur pour «homme de parole». Un diminutif qui me colle à la peau depuis mon arrivée dans ces lieux, employé pour me réduire et déshumaniser au maximum nos rapports. La contrainte est plus efficace si elle est accompagnée d'une dose de psychologie destructrice. Avec ses neurones atrophiés, en bon animal pensant qu'il est, Fulbert le comprend inconsciemment et s'en sert, pour sa plus grande jouissance. Je n'ai aucune raison de lui répondre.

«Alors? Toujours aussi avare de parole? On ne va qu'à l'essentiel, hein?» Me demande t-il.

Rétorquer de façon intelligible à ce demeuré ne sert strictement à rien. Il y a des moments où déployer des trésors d'énergie et de pédagogie n'a aucun intérêt car, au bout du fil, l'autre ne travaille pas sur la même fréquence que vous, ou avec le même code. Une sorte de dialogue de sourd inutile pourrait s'installer. Pas la peine de perdre un temps précieux en explications puisque la cible est incapable de les comprendre. Je reste laconique.

«Encore faudrait-il que mes arguments soient entendus»

«T'as raison HodeP! Ici, développer une plaidoirie ou hurler son innocence est sans effet et tu sais pourquoi!»

Toujours ce timbre méprisant. Cette confiance absolu dans le système. Une machine estampillée démocratie. Fulbert est la parfaite émanation du pouvoir. Un gardien zélé, un lymphocyte parfaitement programmé.

«Hé! HoDeP! On est quel jour?»

Je garde le silence.

Debout, les jambes légèrement écartées, il ressemble à une caricature. J'ai presque pitié de lui. Il ricane. Je me lève, lui tourne le dos et regarde le lucarne. D’un ton calme, presque désabusé, je lâche quelques mots.

«Je suis prêt! On y va quand vous voulez!

À l'extérieur, trois gardiens m'attendent. Je sors de ma geôle. Je suis Fulbert. Les autres m'emboîtent le pas.

Je traverse des couloirs, franchis des portes blindées sous escorte permanente.

Nous arrivons enfin dans une espèce de vestibule. Le directeur, accompagné du médecin de la prison, m'y attend avec une personne en costume sombre et cravate noire que je ne connais pas. Il se contente du minimum.

«Bonjour monsieur Kemps!»

Ce bonjour n'a plus aucun sens. Pourtant, sans comprendre pourquoi, alors que le simple mépris aurait suffi, je reste poli.

«Bonjour!»

Il se tourne vers une porte blindée, l'ouvre et me jette un bref regard.

«Si vous voulez bien me suivre!»

Nous entrons dans une grande pièce, entièrement blanche et carrelée, sans fenêtre. Un éclairage puissant inonde l’espace de lumière et lui donne l'aspect d'une antichambre du paradis.

Au milieu, il y a un lit monté sur des pieds en inox scellés dans le sol. Le matelas, assez fin, recouvert d'une alèse jaune pâle, est traversé par des sangles larges en cuir blanc. Juste à côté, sur une tablette, un coffret en aluminium est posé, fermé. Je frémis.

Les choses vont très vite. Les gardiens défont les attaches pour préparer le lit. Chacun d'entre eux sait ce qu'il doit faire. Leurs gestes ressemblent à des automatismes. Je les regarde, tétanisé.

Une voix grave et posée me sort de ma torpeur. C’est celle de l'inconnu qui se trouve sur ma gauche. Le ton est monocorde, dénué d'expression.

«Monsieur Kemps, j'ai deux nouvelles pour vous. Une mauvaise et une bonne."

Mes yeux restent fixés vers le lit et ne voient plus que lui, en gros plan. Un froid sinistre m'envahit jusqu'aux os. Je tremble de la tête aux pieds, incapable de répondre.

L'homme continue.

«La première c'est que votre recours en grâce officiel est rejeté.»

Un onde glaciale, partant de la base de ma nuque, en passant par ma colonne vertébrale, traverse mon squelette et se diffuse jusqu'aux moindres extrémités de mon corps.

«La seconde, c'est qu'il n'est pas encore rendu public.»

Sur le moment, je ne comprends rien. Il s'en aperçoit et précise sa pensée.

«Si vous faites acte de repentance active devant les médias et devenez un chantre de l'action du gouvernement, je peux tout arrêter!»

Je tourne lentement la tête vers lui. Nous nous regardons. Les traits de son visage demeurent figés. Il répète avec calme, sans haine ni passion.

«Je peux tout arrêter!»

Mes lèvres se mettent à trembler. J'articule quelques mots avec peine.

«Pour l'honneur et les convictions!»

…..........

Le 20 avril 2068 à 08 h 03


«Radio libre Info! Flash spécial sur l'exécution de l'opposant politique Marc Kemps. En direct, de notre envoyé actuellement sur les lieux. Brice;? Quelles sont les dernières nouvelles?»

Le journaliste apparaît en gros plan dans l'écran de télévision, avec en arrière-plan, la porte monumentale de la prison et une nuée de coreligionnaires grouillant tout autour. Il commence son reportage.

«Et bien oui Richard, ce n'est pas une journée comme les autres, car aujourd'hui, le célèbre opposant politique Marc Kemps devrait, à l'heure ou je vous parle être exécuté. Nous attendons la déclaration du directeur de la prison qui devrait l'annoncer officiellement dans un instant. Ah! Il semblerait que ça bouge! Ça y est, la porte s'ouvre, deux gardiens en sortent... j'aperçois le directeur de la prison qui les suit...! Monsieur le directeur? Monsieur le directeur? Radio libre Info. Quelques mots je vous prie!»

Un peu bousculé par la forêt de micros tendus vers lui, le directeur sort un papier de sa poche. Il le déplie sans précipitation et lit le texte. Les deux gardiens font reculer les journalistes pour donner un peu d'espace à leur chef.

«Vu l'arrêt du tribunal spécial en date du cinq mars deux mille soixante huit condamnant monsieur Marc Kemps à la peine capitale, vu la demande de recours en grâce formulée par monsieur Marc Kemps le dix sept avril deux mille soixante huit. Vu la décision du président de la République fédérale en date du vingt avril deux mille soixante huit, monsieur Marc Kemps est gracié. Sa peine est commuée en détention criminelle à perpétuité. Je n'ai plus rien à ajouter!»

La loi du plus fort est toujours la meilleure, au moins pendant un temps. Un jour ou l'autre, elle est bafouée à son tour par un meilleur que soi, mais avant cela, elle s'applique avec férocité. Attendre qu'elle se développe est une erreur toujours mortelle. En attendant, mon reflet me fait honte, mais je vis avec.





Histoire collaborative


Produire une histoire collectivement, tel est le défi de cette rubrique.

Calendrier des mots imposés pour composer vos textes

Voici le calendrier mensuel des mots imposés (plusieurs possibilités par mois, mais si vous le souhaitez, vous pouvez traiter toutes les propositions chaque mois) 

2020

Mai :

  • plaisir, ratatouille, foin, globe, nain de jardin ;
  • maître, clic, coussin, tire-bouchon, croquettes ;
  • moustique, mur du son, casque, sifflement, rage ;
  • cadre, steak, sucre, pot, four, plante ;

Juin :

  • moule, sapin, fourchette, livre, désert ;
  • front, rue, araignée, tasse, parquet ;
  • furet, voleur, gendarme, scooter, club de golf, moutarde ;
  • tapis, jambon, suspension, insupportable, jazz ;


Rubrique puzzle avril 2020

  • fil, plage, manteau, course, étonnement ;
  • lui, elle, moi, toi, eux, aussi, sûrement ;
  • allô, voir, écouter, goûter, cinéma, inapte, sale ;
  • album, cendrier, fourchette, cigare, miroir ;

Mélanie

Sur la plage les escargots étendent leurs manteaux

à la course du soleil 

Sous une coquille parasol c'est à en perdre le fil de l'histoire

Ils s'endormiront pour toujours au crépuscule

l'antenne dressée vers un dernier étonnement

Mélanie


Elle et lui se rencontrèrent

C'était une belle journée de printemps

Toi et moi sommes amoureux

Qu'il fait beau au creux de tes bras

Et eux ? Que font-ils en ce jour ?

Ils attendent sûrement que ça leur arrive aussi !

Mélanie


C’est l’heure de composer le prochain album

Il lui faut réfléchir méditer dans la fumée de ses muses

Au milieu des cendriers remplis de vieux cigares havanes

Face au miroir de sa vie déjantée

L’inspiration va lui arriver il le sait

Il n’aura plus qu’à la cueillir à la fourchette

dans les cheveux couleur spaghetti de Brigitte

Mélanie

Rubrique puzzle mars 2020

Une exclusivité Mélanie

  • soupe, chat, nurserie, ampoule, pas de bol ;
  • bébé, adulte, goinfre, tablier, assiette, molosse, pitié ;
  • sénior, opéra, vin, horloge, voisin, discours, certes ;
  • téléphone, guitare, coussin, photo, rideau ;


Malin l'animal

L'ampoule a grillé dans la nurserie. Pas de bol. Le chat allume ses lanternes pour laper sa soupe au thon d'Atlantique.

Petite annonce – pas sérieux s'abstenir

Homme adulte bien sous tout rapport recherche tablier de boucher et assiette incassable pour nourrir bébé molosse à tendance goinfre. Réponse à faire parvenir rapidement, par pitié.

Dépôt de plainte

Monsieur le policier, certes notre voisin est un senior bien élevé et ne buvant jamais une goutte de vin. Mais qui supporterait d'entendre tous les jours que Dieu fait à 3 heures tapantes du matin à l'horloge du salon le discours du speaker commentant les performances des chanteurs d'opéra sous seul prétexte que mon voisin est insomniaque et sourd comme un pot !

Ménage de printemps

J'ai nettoyé les touches du téléphone au gel hydroalcoolique. J'ai accordé la guitare et lustré ses pièces cuivrées au miror. J'ai tapé tous les coussins par la fenêtre et mis du détachant sur les assises du canapé trois pièces. J'ai décroché les rideaux en flanelle et fait une lessive pour textile délicat. J'ai épousseté ta photo et t'ai attendu. J'étais impatiente de te passer le gros rhum attrapé en faisant un grand courant d'air dans l'appartement.



Rubrique puzzle février 2020

  • neige, chalumeau, pied, jardin, tuyau, passant ;
  • quoi, jamais, hôtel, bourbier, luminaire, ;
  • facile, épices, tasse, wifi, raison, taire ;
  • air, lit, lumière, gâteau, herbe, plume, rhum ;

Propositions de Mélanie Anaïette:

1

Armé d’un long tuyau à gaz au bout duquel il a fixé un chalumeau, Bébert la malice s’avance ce matin d’hiver dans son jardin. Il veut tester cette invention révolutionnaire concoctée dans son garage, après être sortie de son cerveau inventif, censé faire fondre toute la neige tombée la nuit passée.

Nom de Zeus!! comme dirait le génial Dr. Emmett Brown aux idées de Marty McFly dans notre planétaire Retour vers le Futur.

En passant près des pieds de la table de jardin fixée sur le sol de la terrasse (en prévision du vent sans doute), le tuyau s’emballe et devient un terrible serpent à sonnette qui se dresse et gonfle son poitrail. Catastrophe, Bébert perd l’équilibre et le chalumeau entre par la porte d’entrée restée entrouverte et va mettre le feu à sa maison !


2

Plus jamais je ne dormirai dans un hôtel dont le luminaire du couloir ne fonctionne plus. Je me suis trompé de chambre, ou plutôt de débarras, et j’ai du passer la nuit dans un bourbier de draps sales. Quoi de plus à déplorer ! Je me suis fait virer à 5 heures du mat par la femme de ménage qui récupérait les draps pour le pressing.


3

La mère de famille s’interroge : quand est-ce que la wifi pourra venir l’aider à faire entrer un peu de raison dans la tête de ses marmots, à les faire à table, à leur faire trouver leurs devoirs faciles à faire et qu’elle puisse enfin elle aussi se vautrer sur le canapé et déguster une tasse de tisane aux épices de Katmandou.


4

J’ai attrapé un bon rhum, je ne sais en quoi faisant : peut-être mon lit en aérant pour changer l’air de la pièce, peut-être en ramassant l’herbe de ma pelouse, peut-être en plumant un canard, peut-être en lisant à la lumière d’une lampe poussiéreuse, peut-être en soufflant les bougies de mon gâteau d’anniversaire.




Rubrique puzzle janvier 2020!


Propositions de Mélanie Anaïette

- Rubrique des faits divers :

Après avoir bu du champagne à l’excès, un ragondin a été retrouvé près de sa voiture accidentée faisant de grands signes de détresse. Un autre automobiliste arrêté pour lui porter secours déclara par la suite que ce pauvre malheureux avait failli se briser les os en appuyant inconsciemment sur le champignon pour trouver des toilettes.


Problème mathématique :

- prenez une feuille de forme carrée.

- Faites-y tourner une toupie à un bon rythme.

- si la toupie ne dépasse pas les limites de la feuille,

vous avez résolu l’équation de la vitesse à 10 inconnues.

Bravo, c’est génial !

- si la toupie en rotation sort des limites de la feuille,

le résultat de l’équation n’était pas bon.

Espèce d’idiot, c’est pourtant pas difficile, voulez-vous bien recommencez vos calculs !


- Un dimanche cool à la maison :

Ce matin, il a fait son tour à vélo, comme tous les dimanches.

A midi, il s’est préparé un bon hot-dog, comme tous les dimanches.

L’après-midi, il a fait une grande balade avec son chien, comme tous les dimanches.

En rentrant , il est monté au grenier. Tout était prêt. Ce serait son dernier dimanche.




Rubrique puzzle décembre 

Propositions de Mélanie Anaïette

  • incroyable, jambon, briquet, terre, asticot ;

Un asticot a mis une semaine pour atteindre un jambon d’une taille incroyable pendu à une poutre.

Nu comme un ver, il n’avait pas de briquet en poche pour en brûler la cordelette et le faire tomber à terre pour le déguster.

  • citron, barbare, lien, marteau, maigre, interrogation, réponse ;

Quel lien y-a-t-il entre un marteau au manche couleur citron et un barbare trop maigre pour réussir à le soulever, telle est l’interrogation qui reste sans réponse.

  • hélicoptère, whisky, plan, robinet, poubelle, descente, lunette ;

J’ai mis mes lunettes. J’ai bu un whisky pour me donner du courage. J’ai vérifié les coordonnées sur le plan. Mon hélicoptère a décollé sans anicroche tout en douceur et en doigté. Mais au bout d’un quart d’heure un écran m’indiqua panne sèche. Ciel, je n’avais pas refait le plein. Quand je me suis réveillé, après ma descente vers la terre, j’étais assis dans une poubelle, le coude appuyé contre un robinet d’arrosage public.

Propositions de Doug

  • coucou, moi, pas d'accord, super, mouette ;

Un coucou rencontre une mouette confortablement installée sur son lit de brindilles. Squatteur invétéré, il lui dit :

- non mais ma poule, t’as un super nid ! Tu ne veux pas aller faire un tour que je m’y installe ?

La mouette, ne l’entendant pas de cette oreille lui répondit :

- mon cher ami, bien que vous fassiez quelques efforts pour dissimuler l’évidente vulgarité qui transpire sous vos plumes, je ne suis pas d’accord. Ce nid douillet est à moi. Allez donc voir ailleurs si j’y suis.

  • citron, barbare, lien, marteau, maigre, interrogation, réponse ;

Un barbare affamé vit un citron accroché à une branche. Il observa le maigre festin, placé un peu trop haut pour qu’il puisse l’attraper à mains nues. Tenaillé par la faim, il saliva de longues heures sous le fruit lorsqu’il aperçut un marteau. L’outil offrait enfin une réponse à son interrogation : comment décrocher ce citron ?

  • incroyable, jambon, briquet, terre, asticot ;

Constatant qu’un asticot d’une taille incroyable avait dévoré son jambon jusqu’à l’os, le boucher lâcha sa cigarette et son briquet de stupéfaction. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, il décida de le faire mariner avant de le fumer pour le transformer en saucisse.


Rubrique puzzle novembre

Trois constructions sorties du cerveau fertile de Mélanie Anaïette :

  • échelle, tambour, clapier, bizarre, normal, voiturette, mouchoir :

Il peut être très bizarre de croiser une voiturette remplie de mouchoirs dont le conducteur est très enrhumé. Il est par contre tout à fait normal d’entendre un lapin jouer du tambour dans son clapier.

A vous de voir sur l’échelle des probabilités !

  • clown, raté, chaise, rat, mou, oeil, cloporte  :

Sur la chaise d’un clown raté se promène un rat mou aux yeux de cloporte.

  • bien, avion, verre, odeur, jaloux :




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À partir d’éléments définis au départ, les membres de la communauté écrivent la suite pas à pas. Imagination, rebondissements, l’oeuvre navigue sur diverses eaux vers un objectif global assigné dès le départ.

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Former une phrase, faire un dessin ou autre chose, mais en utilisant les mots imposés chaque mois !

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